Catégorie : Sciences

  • La calibration optique et le regard de Webb

    La calibration optique et le regard de Webb

    Depuis le déploiement et verrouillage du miroir primaire, a commencé un long travail de calibrage de l’ensemble optique et du fonctionnement des instruments scientifiques qui enregistreront les photons de lointaines galaxies et planètes extra-solaires.

    Première étape de ces opérations, les 18 panneaux miroirs qui étaient arrimés à la structure du satellite pour encaisser les vibrations et accélérations lors du lancement, ont du être libérés.

    Chaque miroir devait être relâché d’environ 12,5 millimètres, non pas en un coup mais en d’infirmes petites étapes, de l’ordre de 10 nanomètres (1/10ème de la largeur d’un cheveu humain).

    Cette approche progressive dictée également pour ne pas trop solliciter et faire chauffer les moteurs activateurs. Ces opérations de libération de chaque panneau ont débuté cette semaine du 10 janvier.

    Chacun des panneaux du miroir primaire (concave) seront alors très précisément alignés pour ajuster leur orientation. Trois petits activateurs au dos de chacun assureront la courbure constante entre tous les panneaux. L’ensemble unifié ainsi reflètera la lumière sur le miroir secondaire (convexe), réfléchie ensuite sur l’ouverture menant aux instruments. Ces ajustements seront d’une précision extrême, de l’ordre de quelques nanomètres (= milliardième de mètre) – donc bien plus petit qu’un cheveu humain. Ce ces réglages dépendra la résolution, la netteté des images obtenues. L’observation d’une scène de l’univers lointain devra distinguer deux objets très proches l’un de l’autre. Réglage également des surfaces qui composent le miroir secondaire.

    Le « Field of regard » (terme ‘regard’ français utilisé par l’équipe Webb) cad. le champ de vision du James Webb Space Telescope permettra de scruter tout le firmament. Le satellite aura toujours son dos au Soleil. Il pourra s’incliner de 5° en arrière et 45° vers l’avant. Il pourra également se tourner 360° sur l’axe Webb-Soleil. Enfin il peut se pencher à ± 5°. Il en résulte que sur une journée il peut se pointer vers 39% du ciel, et en tournant, comme la Terre autour du Soleil, en six mois il en couvrira 100%.

    Ces mouvements d’orientation du satellite ne s’effectuent pas avec des petits réacteurs à carburant comme sur beaucoup de gros satellites géostationnaires qui pollueraient l’environnement. Sa stabilité sera assurée par d’une part un petite aile (trip flap) au d’une extrémité de la grande surface de protection thermique. Elle compensera la radiation solaire et permettra de moins utiliser les roues à inertie du satellite qui devront l’orienter.

    Il reste à préciser le chemin parcouru entre l’entrée au centre du miroir primaire et les instruments. En plus des deux premiers miroirs, l’observatoire possède en fait deux autres, plus petits, également recouverts de couches réfléchissantes dorées.

    Le troisième reçoit le rayon de lumière et le fait rebondir sur un plus petit dit « d’orientation fine ». Celui-ci est critique pour assurer la stabilisation d’une image. C’est ensuite le passage vers la surface focale des systèmes d’analyse des quatre instruments scientifiques. Qui eux mêmes devront être testés et calibrés.

    Avec tant de travail pendant les prochains mois, il n’est pas étonnant donc que les premières images ne seront obtenues et publiés qu’à partir de juin/juillet.

    Les familles d’ingénieurs et les fanas de cette mission auront le temps de faire bien des tapis octogonaux, des coussins et de cuire des gâteaux « Miroir Primaire » !!

    Sources images : diagrammes NASA Webb, Mark McCaughrean (ESA Webb) et divers spécialistes, anecdotiques comptes Twitter. (If the lady objets, contact me !)

  • Webb : Ça me fait chaud au cœur

    Webb : Ça me fait chaud au cœur

    « De voir le miroir complet, je ressens une chaleur dans ma poitrine ». Très large sourire, la commentatrice Michelle Thaller, astrophysicienne, exprime son immense joie. Dans la salle de contrôle du Space Telescope Science Institute de Baltimore les ingénieurs et responsables applaudissent. C’est d’une magie merveilleuse – que de fois on a entendu ce mot « wonderful ». La seconde aile du miroir principal du Télescope Webb vient de s’ouvrir et compléter sa surface.

    La visualisation du miroir complet, le centre de contrôle du STScI à Baltimore et les deux présentatrices, Julie van Campen, ingénieure Webb, et Michelle Thaller, astrophysicienne.

    Certes des satellites géostationnaires ont manœuvré sur leurs orbite, la myopie du télescope Hubble a du être corrigé par des astronautes, et bien sûr la Station Spatiale Internationale a vu de nombreuses configurations, d’arrivées et de départs. Mais la naissance de Webb qu’on a suivi aujourd’hui marque un tournant dans l’histoire du spatial. C’est la toute première fois qu’on déploie en plusieurs étape cruciales un satellite aussi gros, aussi complexe et aussi loin de la Terre. Un tournant surtout pour la science avec la toute nouvelle vision de l’Univers qu’on attend de lui.

    Après de nombreuses vérifications, notamment des attaches et mécanismes qui devaient libérer le panneau et ses 3 segments octogonaux, des températures et fonctionnement des moteurs qui devaient le faire pivoter, les responsables du Mission Control Center ont donné l’ordre d’abord d’un petit mouvement, de pivoter de quelques degrés seulement puis d’initier le basculement entier. Cette rotation a duré quatre minutes, pendant lesquels on pouvait suivre la visualisation en temps réel gérée par les données provenant du satellite. Les deux pièces se rapprochaient lentement.

    Une visualisation bien évocatrice pour Webb qui va avec sa grande luminosité dorée « ouvrir un nouvel Univers » mais trompeuse car en réalité ce côté le satellite était à l’ombre et dans le noir complet.

    A 16H28 heure de Paris, ce dernier grand déploiement de cette mission s’achevait. Restait à verrouiller l’aile à la structure principale du miroir, chaque verrou ayant des marges de mouvement pour rigidifier l’ensemble sans exercer trop de pression.

    Après le lancement de Kourou, il restaient 344 points ou actions de défaillance potentielle (« single point failure ») qui pouvaient compromettre toute la mission. Aujourd’hui 178 petites étapes cruciales auront été franchies avec succès.

    A gauche vue de Hubble dans le visible, la même vue en infrarouge de Webb

    Depuis plusieurs siècles l’astronomie spatiale illumine nos connaissance et illustre nos cerveaux, notamment avec les images spectaculaires du télescope spatial Hubble. Avec la coopération internationale de la NASA, ESA, Canada et ses partenaires, Webb semble ouvrir à une nouvelle époque.

    Webb va atteindre, à la fin de ce mois sa destination finale au point de Lagrange L2, stationnaire à 1,5 millions de kilomètres de la Terre. Si pendant les 5 prochains mois la mise en service et celles de ses quatre instruments d’observation se passe bien, on peut s’attendre à une magnitude insoupçonnable des découvertes à venir. Premières images vers le mois de juillet.

    Oui, j’ai été ému, j’ai applaudi en même temps que la salle de contrôle et puis j’ai pris une décision : je vais bien m’en commander une pour prendre le thé avec ces bons souvenirs.

    Source images : NASA Webb

  • Les yeux d’une palombe

    Les yeux d’une palombe

    Nous avons un bain d’oiseaux devant les doubles fenêtres vitrées du salon. Chaque jour, ils en profitent, surtout une paire de palombes magnifiques qui prennent leur temps pour faire leur toilette. C’est un régal de les surveiller battre leurs ailes pour prendre une bonne douche.

    La palombe a intéressé un ancien collègue scientifique, aujourd’hui à la retraite. Il était, et est encore fasciné par la lumière et les phénomènes optiques. Non seulement dans son domaine d’expertise, l’astronomie, mais aussi dans la vie qui nous entoure.

    Bob Fosbury vient de se pencher sur les yeux des palombes, se posant des questions sur leur forme allongée comme un œuf ou une amande. Dans son jardin, ce visiteur, il lui a donné un nom : Henry Hoover ou bien Henrietta, n’étant pas certain de son sexe.

    Henry / Henrietta Hoover dans la cour de Bob Fosbury

    « Ces pigeons des bois (Pigeon ramier commun, « Columba palumbus ») sont des oiseaux remarquables avec une grande gamme de possibilités physiques: il peut décoller à la verticale, peut accélérer de zéro à 100km/h en deux secondes et une acuité visuelle deux fois meilleur que les humains.»

    « Il a l’air lourd et incapable de s’envoler en n’importe quelle direction, mais c’est un vrai plaisir de le voir plier ses genoux, de sauter en haut et d’un battement d’ailes sans toucher le sol, s’élever à la verticale ».

    Bob s’est demandé pourquoi la pupille de cette palombe n’était pas circulaire. Il se documente et trouve la suggestion que cette forme est peut-être due à une tache de pigment sur l’iris. Pas certain de cette explication, il pense néanmoins que la pupille en forme d’œuf lui offre des avantages visuels.

    Bob poursuit son hypothèse : « Cette configuration de l’œil est peut-être adapté à un oiseau qui se nourrit au sol, l’élongation de la pupille d’un œil suggérant un angle de vision de 20° vers l’avant qui se retrouve au sol avec une vision en « stéréo » fournie par l’autre œil ».

    « Cet oiseau possède des capacités visuelles étonnantes, des yeux sur les côtés, d’une résolution le double d’un œil humain. Ils possèdent également un récepteur dans l’ultra-violet et peut ressentir des changement de polarisation de la lumière ce qui peut l’aider lors de sa navigation ».

    « Henry sera en alerte permanente, et nous repérera même quand on est derrière sa queue. Il a un champ de vision horizontal de 340° – impossible de s’approcher de lui sans être vu ».

    Ancienne conception du NGST

    On est semble-t-il bien loin des observations en astronomie, mais les études dans son jardin avec Henry profitent de son expertise scientifique. En échangeant avec Bob, il me rappelle que vers la fin des années 90 et début des années 2000 – alors que je travaillais souvent avec lui – il faisait partie de l’équipe du Centre de Coordination Européen du Télescope Spatial Hubble (ST-ECF). Il possède toujours tous ses documents de travail sur ce qu’on appelait alors le « Next Generation Space Telescope » et ce qui devenu aujourd’hui le James Webb Telescope !

    Les talents de photographe de Bob Fosbury – parfois avec des explications très pointues – sont à découvrir sur https://www.flickr.com/photos/bob_81667

    Mise à jour : 8/1/2022

  • Grichka Bogdanov – Le Monde

    Grichka Bogdanov – Le Monde

    Mise à jour du 3 janvier: avec le décès du frère Igor 6 jours plus tard, la boucle est bouclée.

    L’article du Monde est sans concessions – comparé à les sujets bien complaisants diffusés par la chaine TF1.

    Par Simon Auffret et Yann Bouchez publié le 28/12/2021 à 15h19, mis à jour à 17h29

    Grichka Bogdanoff, l’un des jumeaux stars des années 1980, est mort du Covid-19

    Il était notamment connu pour l’émission de science-fiction « Temps X », diffusée de 1979 à 1987, coanimée avec son frère Igor, qui est également hospitalisé. Tous deux n’étaient pas vaccinés contre le Covid-19.

    Selon nos informations, Grichka Bogdanoff avait été hospitalisé le 15 décembre dans le service de réanimation de l’hôpital Georges-Pompidou, après avoir contracté le Covid-19. Le même jour, son frère Igor avait été également reçu au sein du même service de cet établissement, pour des raisons identiques. Selon une source proche des deux frères, ils n’étaient pas vaccinés contre le Covid-19.

    Docteurs en physique et en mathématique, écrivains, animateurs de télévision, descendants de l’aristocratie autrichienne, figures de la vulgarisation scientifique pour le grand public et objets de controverses pour les chercheurs… en plus de quarante ans de vie publique, Igor et Grichka Bogdanoff (qui ont remplacé l’orthographe de leur nom en « Bogdanov », en signature de leurs ouvrages dès les années 1990) ont accumulé autant de succès populaires que de railleries sur le mélange des genres qu’ils entretiennent, entre théories sur la relativité générale et passion pour la science-fiction.

    Le romanesque des origines des Bogdanoff, qu’ils sont les premiers à alimenter, a participé tout autant au mystère entourant leurs personnages que le récit de la transformation de leurs visages : tous deux ont démenti de nombreuses fois l’existence d’une maladie comme l’acromégalie ou le recours à la chirurgie esthétique. « Nous sommes, avec Igor, des expérimentateurs, se limitait à révéler Grichka en interview, à propos de la forme prise par leurs mentons et leurs pommettes dès le milieu des années 1990. Dans l’expérimentation, il y a un certain nombre de petits protocolesCe sont des technologies très avancées, c’est pour cela que le mystère dure depuis si longtemps. »

    Aux manettes de l’émission « Temps X », dès 1979 sur TF1, les frères Bogdanoff détonnent dans le paysage audiovisuel français avec des effets spéciaux d’époque et des combinaisons argentées inusables, portées pendant neuf saisons face à de nombreux invités, comme Jacques Attali, Jean-Michel Jarre, Jean-Claude Mézières, ou même Frédéric Beigbeder, qui vient à 13 ans y faire sa première apparition à la télévision. Sur le plateau, Igor et Grichka font la démonstration d’objets d’anticipation, plus ou moins à la pointe de la technologie : « la machine à traduire », « la dictée magique » ou l’« astro-ordinateur », qui devine votre thème astrologique à partir de votre date de naissance.

    Controverses scientifiques

    En 1987, au moment de la privatisation de TF1, l’émission est arrêtée. Débute alors pour le duo une longue période d’abstinence médiatique, et avec elle les premières controverses.

    L’écriture, en 1991, du livre à succès Dieu et la science avec l’académicien Jean Guitton provoque la colère de l’astrophysicien vietnamien Trinh Xuan Thuan, qui prétend y retrouver des passages de l’un de ses livres, La Mélodie secrète, publié trois ans plus tôt. Le différend se réglera à l’amiable, et les Bogdanoff s’attellent à la rédaction de leurs thèses : « Fluctuations quantiques de la signature de la métrique à l’échelle de Planck » soutenue en mathématique par Grichka dès 1999, et « Etat topologique de l’espace-temps à échelle 0 » soutenue en physique par Igor en 2002.

    La découverte des deux textes par la communauté scientifique dépasse de loin leur renommée française. Le physicien américain John Baez relaie, en octobre 2002, une rumeur agitant les chercheurs : les deux doctorants français auraient réussi une « Sokal », du nom du physicien qui a fait publier en 1996 un article abouti dans la forme, mais complètement faux. A travers les travaux des jumeaux, qu’il qualifie de « charabia », John Baez veut ainsi dénoncer les écueils de la sélection dans certaines revues scientifiques.

    Les deux frères nient tout canular, mais l’épisode remonte aux oreilles d’un journaliste du New York Times, puis du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), qui demande en 2003 une expertise des deux thèses par d’autres chercheurs. Accablant pour les Bogdanov, le rapport est rendu public par Marianne en 2010. « Ces thèses n’ont pas de valeur scientifique », y affirment les chercheurs. Igor et Grichka Bogdanov remportent un procès pour diffamation contre le journal en 2014, avant d’attaquer le CNRS sur la légalité même du rapport – ils qualifient alors le comité de « Stasi scientifique ». Ils perdront leur procès et n’obtiendront pas le dédommagement demandé – 1,2 million d’euros.

    Devenus entre-temps les icônes d’une culture des années 1980 désormais kitsch, les « Bogdas » ont réalisé deux autres émissions scientifiques, pour France 2 – « Rayons X », de 2002 à 2007, puis « A deux pas du futur », entre 2010 et 2011. En réponse aux attaques visant leur légitimité, ils dénoncent une communauté scientifique incapable d’accepter un point de vue atypique et fustigent la cabale médiatique.Lire aussiIgor et Grichka Bogdanoff, 40 ans d’affaires et de succès populaires

    Depuis, les apparitions des jumeaux se font plus rares : Igor Bogdanoff fait de nouveaux les titres lorsqu’il est placé en garde à vue en novembre 2017, à la suite d’une plainte d’une ancienne compagne, chez qui il se serait introduit par effraction. En juin 2018, ils avaient été mis en examen pour« escroquerie sur personne vulnérable », soupçonnés par la justice d’avoir profité de la vulnérabilité et des largesses financières d’un millionnaire de 54 ans, qui s’est suicidé le 31 août 2018. Outre les frères Bogdanoff, quatre autres personnes devaient être renvoyées dans ce dossier devant le tribunal correctionnel de Paris, les 20 et 21 janvier 2022.

    Les avocats des frères Bogdanoff, Mes Eric Morain et Edouard Lamaze, avaient prévenu la justice, avant Noël, de la situation médicale de leur client et envisageaient de demander le report du procès. Mardi, les avocats de Grichka Bogdanoff indiquent, dans un communiqué, que ce procès « ne constituait nullement une actualité pour lui et pour son frère jumeau tant ils s’estimaient étrangers aux faits reprochés et scandalisés par des accusations infondées ». « Cette procédure s’éteint donc en l’état à son égard, ajoutent-ils, et il restera définitivement présumé innocent. »

    Simon Auffret et Yann Bouchez

  • A quoi ça sert d’être « vulgarisateur scientifique »?

    A quoi ça sert d’être « vulgarisateur scientifique »?

    Mise à jour du 3 janvier: Igor: Six jours plus tard: et de deux.

    🌿Au revoir Grichka Bogdanoff (29 août 1949 – 28 décembre 2021) !

    Igor et Grichka Bogdanoff photographiés par M.Jeanneau dans « Temps X » en 1981

    « Temps X » était une émission de télévision française de vulgarisation scientifique diffusée du 6 avril 1979, au 27 juin 1987 sur TF1. »

    Tous deux hospitalisés avec le Covid et pas vaccinés. J’ai toujours estimé que c’était de la vulgarisation prétentieuse. Juste retour. Aucun regret 🤪

  • Chercheurs du spatial inquiets

    Chercheurs du spatial inquiets

    Le Parisien avec AFP – Le 28 décembre 2021 à 19h12

    Une soixantaine de chercheurs redoutent, mardi dans une tribune au Monde, que la nouvelle stratégie spatiale française présentée par Bruno Le Maire se « détourne » de la recherche scientifique au profit de la seule dimension industrielle.

    Un changement de tutelle, pour un changement de paradigme ? Durant l’été 2020, le secteur spatial français est passé du ministère de la Recherche au ministère de l’Économie. Pour certains chercheurs, cela n’a rien d’anodin, au contraire. « C’est la première fois, depuis soixante ans » qu’une telle évolution a lieu, soulignent-ils dans une tribune parue ce mardi dans Le Monde.

    Dans ce document, une soixantaine de chercheurs membres de l’Académie des sciences, dont le climatologue Jean Jouzel, l’astrophysicienne Françoise Combes, le prix Nobel de physique Serge Haroche ou encore le paléontologue Yves Coppens s’inquiètent de la nouvelle stratégie spatiale française, qu’ils accusent de se détourner de la recherche scientifique au profit de la seule dimension industrielle.

    Début décembre, Bruno Le Maire a présenté ses objectifs en matière d’espace et son budget, soutenu par 1,5 milliard d’euros du plan d’investissements « France 2030 ». Le ministre de l’Économie a annoncé vouloir « remettre un peu de compétition dans le monde de l’espace », avec le développement d’un lanceur réutilisable européen pour « rattraper le retard » par rapport à l’Américain Space X, et faire davantage de places aux petites entreprises et start-up.

    Opposer les deux mondes ?

    Une vision qui, selon les signataires de la tribune au Monde, « semble opposer recherche scientifique spatiale et nouvelles applications commerciales de l’espace ». « Ce projet ne pourra réussir dans la durée si l’État se détourne de la recherche spatiale sous prétexte de favoriser l’innovation industrielle », estiment les chercheurs.

    « L’évolution du secteur spatial français ne doit pas se faire aux dépens de la recherche scientifique. Or, dès la première année sous cette nouvelle tutelle, les ressources allouées aux missions scientifiques du Cnes (l’agence spatiale française, NDLR) annoncées sont telles que tous les projets envisagés qui devaient commencer dans les quatre prochaines années pourraient être brutalement annulés », poursuivent-ils.

    Pour éviter une « perte de confiance de nos partenaires étrangers » et un « assèchement du tissu scientifique français », ils demandent qu’une part du volet spatial du plan de relance soit « ouverte à des projets de recherche scientifique ». Pour ne pas oublier, que même si la concurrence permet parfois l’émergence de projets fous, à l’image de ce que fait le milliardaire Elon Musk avec Space X, la recherche est un pilier de la conquête spatiale.

    Image: Banque d’Images, Gavrilichev

  • L’infinité de Ramanujan

    L’infinité de Ramanujan

    J’adore le cinéma car les films peuvent vous transporter : dans l’imaginaire ou le vécu de quelqu’un d’autre, dans des scénarios qui inspirent ou vous excitent… ou bien vous renvoient à votre propre passé, vos expériences et vos rencontres.

    C’est ce qu’a fait le film L’Homme qui défiait l’infini  (« The Man who Knew Infinity ») de Matt Brown de 2015. Il s’agit, dans les années 1930, de la vie et carrière du mathématicien indien Srinivasa Ramanujan et son amitié avec son mentor, le professeur Geoffrey H. Hardy.

    Cela m’a renvoyé à differentes époques de ma vie, et contribue à m’expliquer qui je suis.

    « Mathematics, rightly viewed, possesses not only truth but supreme beauty. » – Bertrand Russell

    Le filme est préfacé par cette citation de Bertrand Russell, considéré comme l’un des philosophes les plus importants du XXe siècle: mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique. ‘Le Voltaire anglais‘.

    Alors que j’étais très jeune lycéen, les trois volumes de son autobiographie (1967-69) étaient sur les étagères de ma mère. Je les ai toujours!

    Ramanujan,  brillant mathématicien, encouragé par ses pairs Anglais, (notamment le mathématicien Geoffrey Hardy) était arrivé à l’Université de Cambridge où il côtoyait Bertrand Russell, partageant avec lui le concept de la « beauté, l’esthétique des mathématiques ». Si Russell était athée, l’indien plus mystique expliquait qu’une « équation n’a pas de sens pour moi que si exprime une pensée de Dieu« . Il croyait comme Russell dans l’unité du monde:  « There are patterns in everything. The color in light, the reflections in water… in math, these patterns reveal themselves in the most incredible form. It’s quite beautiful.« 

    Comme dans mon école anglaise, au réfectoire très traditionnel

    Ce film m’a renvoyé à mes années d’écolier dans des traditions très « british », ensuite du Lycée Français de Londres et puis celles plus trans-culturelles et ouvertes à l’université.

    Quand je suis arrivé au lycée, je savais parler mais pas écrire le français. Mais j’étais un crack en mathématiques qui étaient comme un jeu pour moi.

    J’adorais l’algèbre et commençait à explorer la logique et la linguistique. Il en fallait peu pour que je découvre la pensée de Bertrand Russell, dans toute ses dimensions.

    A la fin de ma première classe de 7ème, il n’y avait que ma camarade Charlotte qui me précédait dans le tableau d’honneur des mathématiques.

    (Hulton-Getty)

    Bertrand Russell, né en 1872 au Pays de Galles, mort en 1970. Au cours de la Première Guerre mondiale, Russell fut l’une des rares personnes à se livrer à des activités pacifistes actives. Il fit de la prison pour ces acte de résistance. Russell a reçu le prix Nobel de la Paix en 1950.

    Puis les années 70 (de ma jeunesse) avaient été marquées par son engagement au côté notamment de Jean-Paul Sartre contre la guerre du Vietnam. J’étais à l’époque touché par les ravages du conflit. Dont je voyais un autre aspect avec les souffrances familiales de mon amie Vietnamienne.

    Dans le film, ‘Bertie’ Russell (Jeremy Northham), Geoffrey Hardy (Jeremy Irons).

    Au terme de mes années au Lycée, j’étais toujours fort en mathématiques, y ajoutant un grand intérêt pour les sujets techniques, physique, chimie et biologie. J’étais écartelé entre une poursuite des études dans ces secteurs ou ceux de la littérature.

    Après avoir voulu être pilote ou agriculteur, j’ai finalement opté pour un « mélange académique » une licence de français et philosophie. Et je reprenais donc ma passion pour la philosophie scientifique, la logique analytique et le positivisme avec entre autres « Principia Mathematica » de Russell.

    Je peux dire, plus de 60 ans plus tard, que je suis toujours intéressé (mais avec l’âge avançant souvent « fatigué ») par ces considérations que sont l’exactitude des informations, des paroles, par le souci de vérité intrinsèque, l’analyse de l’esprit, de la matière (problème cosmos-corps-esprit), de la connaissance de soi, ou encore de « l’existence » d’un monde extérieur.

    Joué par Dev Patel dans le film, Srinivasa Ramanujan, considéré comme un « génie » par ses contemporains, est mort à son retour en Inde, à l’âge de 32 ans, probablement de la tuberculose.

    Pendant trois ans, deux, trois fois par semaine, des tutoriaux avec un professeur dans le bureaux et que deux étudiants à la fois : lieux paradisiaques à Sussex University

    Autant la cérémonie de la panthéonisation de Josephine Baker m’avait fait réfléchir sur la part française de mon identité, autant ce film « L’Homme qui défiait l’Infini », (suivi in English of course) m’a resitué du côté anglo-saxon… et m’ont offert un rappel des racines de mes activités (journalistiques, sciences, espace, astronomie…) ces quelques 65 et plus années.

    [Images sources : du film, Getty et personnelles]

  • Signes d’un AVC

    Signes d’un AVC

    ACCIDENT VASCULAIRE CÉRÉBRAL – MERCI DE FAIRE SUIVRE !

    Accident Vasculaire Cérébral (AVC) Cela peut servir ! Prenez quelques minutes pour lire ceci et peut-être sauver une vie et contribuer à faire connaître le danger que représente l’Accident Vasculaire Cérébral.

    Lors d’un barbecue, Julie trébuche et fait une chute. Elle affirme aux autres invités qu’elle va bien et qu’elle s’est accroché les pieds à cause de ses nouveaux souliers. Les amis l’aident à s’asseoir et lui apportent une nouvelle assiette. Même si elle a l’air un peu secouée, Julie profite joyeusement du reste de l’après-midi… Plus tard le mari de Julie téléphone à tous leurs amis pour dire que sa femme a été transportée à l’hôpital…..
    Julie meurt à 18h00. Elle avait eu un Accident Vasculaire Cérébral lors du barbecue. Si les personnes présentes avaient été en mesure d’identifier les signes d’un tel accident, Julie aurait pu être sauvée.
    Un neurologue dit que s’il peut atteindre une victime d’AVC dans les trois heures, il peut renverser entièrement les effets de la crise. Il affirme que le plus difficile est que l’AVC soit identifié, diagnostiqué et que le patient soit vu en moins de trois heures par un médecin.

    Reconnaître les symptômes d’un AVC : Poser trois questions très simples à la personne en crise :

    1. * Lui demander de SOURIRE.
    2. * Lui demander de lever LES DEUX BRAS.
    3. * Lui demander de PRONONCER UNE PHRASE TRÈS SIMPLE (ex.. Le soleil est magnifique aujourd’hui).
      Si elle a de la difficulté à exécuter l’une de ces tâches, appelez le SAMU et décrivez les symptômes.
      Selon un cardiologue, si tous ceux qui reçoivent ce message l’envoient à leur tour à 10 personnes, une vie au moins pourrait être sauvée par jour. Merci à toutes et à tous

    ON FAIT BIEN SUIVRE DES BLAGUES, DES PPS, ON PEUT BIEN FAIRE SUIVRE DES CHOSES UTILES, PENSEZ-Y !
    Merci !!!

  • Quelques vérités d’Einstein

    Quelques vérités d’Einstein

    « Je ne suis pas arrivé à ma compréhension des lois fondamentales de l’univers par mon esprit rationnel. »

    « Concernant la matière, nous avons eu tout faux. Ce que nous avons appelé matière est une énergie dont la vibration a été abaissée au point d’être perceptible par les sens. La matière est l’esprit réduit au point d’être visible. Il n’y a pas de matière. »

    « Le temps et l’espace ne sont pas des conditions dans lesquelles nous vivons, mais des modes par lesquels nous pensons.
    Les concepts physiques sont des créations libres de l’esprit humain, et ne sont pas, quoi qu’il en soit, déterminés par le monde extérieur. »

    « Le temps n’existe pas – nous l’avons inventé. Le temps est ce que dit l’horloge. La distinction entre le passé, le présent et le futur n’est qu’une illusion obstinément persistante. »

    « Je pense 99 fois et ne trouve rien. J’arrête de penser, je nage dans le silence, et la vérité vient à moi. »

    « L’intellect a peu à faire sur le chemin de la découverte. Il arrive un saut de conscience, appelez-le intuition ou ce que vous voulez, la solution vient à vous et vous ne savez pas comment ni pourquoi. »

    « L’être humain fait l’expérience de lui-même, de ses pensées et de ses sentiments comme quelque chose de séparé du reste, une sorte de délire optique de la conscience. Cette illusion est une sorte de prison pour nous, nous limitant à nos désirs personnels et à l’affection pour quelques personnes les plus proches de nous. Notre tâche doit être de nous libérer de cette prison en élargissant notre cercle de compassion pour embrasser toutes les créatures vivantes et la nature entière dans sa beauté. »

    « Notre séparation les uns des autres est une illusion d’optique. »

    « Quand quelque chose vibre, les électrons de l’univers entier résonnent avec lui. Tout est connecté. La plus grande tragédie de l’existence humaine est l’illusion de la séparation. »

    « La réalité n’est qu’une illusion, bien qu’elle soit très persistante. »

    « Nous sommes des âmes habillées de vêtements biochimiques sacrés et nos corps sont les instruments par lesquels nos âmes jouent leur musique. »

    « Lorsque vous examinez la vie des personnes les plus influentes qui aient jamais marché parmi nous, vous découvrez un fil conducteur qui les traverse toutes. Ils ont été alignés d’abord avec leur nature spirituelle et seulement ensuite avec leur moi physique. »

    « La véritable valeur d’un être humain se trouve dans le degré auquel il a atteint la libération du moi. »

    « Les anciens savaient quelque chose, que nous semblons avoir oublié. »

    « Plus j’en apprends sur la physique, plus je suis attiré par la métaphysique. »

    « Une chose que j’ai apprise au cours d’une longue vie : que toute notre science, mesurée à la réalité, est primitive et enfantine. Nous ne connaissons toujours pas un millième de un pour cent de ce que la nature nous a révélé. Il est tout à fait possible que derrière la perception de nos sens, se cachent des mondes dont nous n’avons pas conscience. »

    « Je ne suis pas athée. Le problème posé est trop vaste pour nos esprits limités. Nous sommes dans la position d’un petit enfant qui entre dans une immense bibliothèque remplie de livres en plusieurs langues. L’enfant sait que quelqu’un doit avoir écrit ces livres. »

    « L’idée commune selon laquelle je suis athée est basée sur une grosse erreur. Quiconque interprète mes théories scientifiques de cette façon, ne les a pas comprises. »

    « Tout est déterminé, chaque début et chaque fin, par des forces sur lesquelles nous n’avons aucun contrôle. C’est déterminé pour l’insecte, comme pour l’étoile. Êtres humains, végétaux ou poussière cosmique, nous dansons tous sur un air mystérieux, entonné au loin par un joueur de flûte invisible. »

    « La religion du futur sera une religion cosmique. Elle transcendera un Dieu personnel et évitera les dogmes et la théologie. »

    « L’énergie ne peut pas être créée ou détruite, elle peut seulement être changée d’une forme à une autre. »

    « Tout est énergie et c’est tout ce qu’il y a à faire. Faites correspondre la fréquence de la réalité que vous voulez et vous ne pouvez qu’obtenir cette réalité. Il ne peut en être autrement. Ce n’est pas de la philosophie. C’est de la physique. »

    « Je suis heureux parce que je ne veux rien de personne. Je ne me soucie pas de l’argent. Les décorations, les titres ou les distinctions ne signifient rien pour moi. Je n’ai pas besoin de louanges. Je ne revendique aucun mérite. Un homme heureux est trop satisfait du présent pour s’attarder sur l’avenir. »

  • The Efficiency Trap – Wall Street Journal

    The Efficiency Trap – Wall Street Journal

    Escaping the Efficiency Trap—and Finding Some Peace of Mind

    The more productive we are, the more pressure we feel. It’s time to break the busyness cycle.

    Efficiency Trap Wall Street Journal – 6th August 2021

    Certain forms of busyness can be delightful. Who wouldn’t want to live in Busytown, the setting of the iconic 1960s children’s books by the American illustrator Richard Scarry ? His grocer cats and firefighting pigs are certainly busy. Nobody in Busytown is idle—or if they are, they’re carefully hidden from view by the authorities, Pyongyang-style. What they aren’t, though, is overwhelmed. They exude the cheery self-possession of cats and pigs who have plenty to do but also every confidence that their tasks will fit snugly into the hours available—whereas we live with the constant anxiety of fearing, or knowing for certain, that ours won’t.
    Research shows that this feeling arises on every rung of the economic ladder. If you’re working two minimum-wage jobs to put food in your children’s stomachs, there’s a good chance you’ll feel overstretched. But if you’re better off, you’ll find yourself feeling overstretched for reasons that seem, to you, no less compelling: because you have a nicer house with higher mortgage payments, or because the demands of your (interesting, well-paid) job conflict with your longing to spend time with your aging parents, or to be more involved in your children’s lives, or to dedicate your life to fighting climate change.
    The problem with trying to make time for everything that feels important is that you definitely never will. The reason isn’t that you haven’t yet discovered the right time management tricks or applied sufficient effort, or that you need to start getting up earlier, or that you’re generally useless. It’s that the underlying assumption is unwarranted: There’s no reason to believe you’ll ever feel “on top of things,” or make time for everything that matters, simply by getting more done.
    That’s because if you succeed in fitting more in, you’ll find the goal posts start to shift: More things will begin to seem important, meaningful or obligatory. Acquire a reputation for doing your work at amazing speed, and you’ll be given more of it. Figure out how to spend enough time with your kids and at the office, so you don’t feel guilty about either, and you’ll suddenly feel some new social pressure: to spend more time exercising or to join the parent-teacher association—oh, and isn’t it finally time you learned to meditate? Get around to launching the side business you’ve dreamed of for years, and if it succeeds, it won’t be long before you’re no longer satisfied with keeping it small.
    The choice you can make is to stop believing you’ll ever solve the challenge of busyness by cramming more in, because that just makes matters worse.
    The general principle in operation here is what we might call the “efficiency trap.” Rendering yourself more efficient—either by implementing various productivity techniques or by driving yourself harder—won’t generally result in the feeling of having “enough time,” because, all else being equal, the demands will increase to offset any benefits. Far from getting things done, you’ll be creating new things to do.
    For most of us, most of the time, it isn’t feasible to avoid the efficiency trap altogether. But the choice you can make is to stop believing you’ll ever solve the challenge of busyness by cramming more in, because that just makes matters worse. And once you stop investing in the idea that you might one day achieve peace of mind that way, it becomes easier to find peace of mind in the present, in the midst of overwhelming demands, because you’re no longer making your peace of mind dependent on dealing with all the demands. Once you stop believing that it might somehow be possible to avoid hard choices about time, it gets easier to make better ones.
    The more efficient you get, the more you become “a limitless reservoir for other people’s expectations,” in the words of the management expert Jim Benson. In my days as a paid-up productivity geek, it was this aspect of the whole scenario that troubled me the most. Despite my thinking of myself as the kind of person who got things done, it grew painfully clear that the things I got done most diligently were the unimportant ones, while the important ones got postponed—either forever or until an imminent deadline forced me to complete them, to a mediocre standard and in a stressful rush.

    Illustration: John S. Dykes

    The email from my newspaper’s IT department about the importance of regularly changing my password would provoke me to speedy action, though I could have ignored it entirely. (The clue was in the subject line, where the words “PLEASE READ” are generally a sign you needn’t bother reading what follows.) Meanwhile, the long message from an old friend now living in New Delhi would get ignored, because I told myself that such tasks needed my full focus, which meant waiting until I had a good chunk of free time and fewer small-but-urgent tasks tugging at my attention.
    And so, like the dutiful and efficient worker I was, I’d put my energy into clearing the decks, cranking through the smaller stuff to get it out of the way—only to discover that doing so took the whole day, that the decks filled up again overnight anyway and that the moment for responding to the New Delhi email never arrived.
    One can waste years this way, systematically postponing precisely the things one cares about the most. What’s needed instead in such situations, I gradually came to understand, is a kind of anti-skill: not the counterproductive strategy of trying to make yourself more efficient but rather a willingness to resist such urges—to learn to stay with the anxiety of feeling overwhelmed, of not being on top of everything, without automatically responding by trying to fit more in.
    Smoothness, it turns out, is a dubious virtue, since it’s often the unsmoothed textures of life that make it livable.
    To approach your days in this fashion means, instead of clearing the decks, declining to clear the decks, focusing instead on what’s truly of greatest consequence while tolerating the discomfort of knowing that, as you do so, the decks will be filling up further, with emails and errands and other to-dos, many of which you may never get around to at all. You’ll sometimes still decide to drive yourself hard in an effort to squeeze more in, when circumstances absolutely require it. But that won’t be your default mode, because you’ll no longer be operating under the illusion of one day making time for everything.
    There’s another, especially insidious way in which the quest for increased efficiency warps our relationship with time these days: the seductive lure of convenience. Entire industries now thrive on the promise of helping us cope with having an overwhelming amount to do by eliminating or accelerating tedious and time-consuming chores. But the result—in an irony that shouldn’t be too surprising by now—is that life gets subtly worse. As with other manifestations of the efficiency trap, freeing up time in this fashion backfires in terms of quantity, because the freed-up time just fills with more things you feel you have to do, and also in terms of quality, because in attempting to eliminate only the tedious experiences, we accidentally end up eliminating things we didn’t realize we valued until they were gone.
    It works like this. In start-up jargon, the way to make a fortune in Silicon Valley is to identify a “pain point”—one of the small annoyances resulting from the “friction” of daily life—and then to offer a way to circumvent it. Thus Uber eliminates the “pain” of having to track down a number for your local taxi company and call it, or trying to hail a cab in the street; digital wallet apps like Apple Pay remove the “pain” of having to reach into your bag for your physical wallet or cash. The food delivery service Seamless has even run advertisements—tongue-in-cheek ones, but still—boasting that it lets you avoid the agony of talking to a flesh-and-blood restaurant worker.

    Illustration: John S. Dykes

    It’s true that everything runs more smoothly this way. But smoothness, it turns out, is a dubious virtue, since it’s often the unsmoothed textures of life that make it livable, helping to nurture the relationships that are crucial for mental and physical health, and for the resilience of our communities. Your loyalty to your local taxi firm is one of those delicate social threads that, multiplied thousands of times, bind a neighborhood together. Your interactions with the woman who runs the nearby Chinese takeout might feel insignificant, but they help make yours the kind of area where people still talk to one another, where tech-induced loneliness doesn’t yet reign supreme. As for Apple Pay, I like a little friction when I buy something, since it marginally increases the chance that I’ll resist a pointless purchase.
    Convenience, in other words, makes things easy, but without regard to whether easiness is truly what’s most valuable in any given context. Take those services—on which I’ve relied too much in recent years—that let you design and then remotely mail a birthday card, so you never see or touch the physical item yourself. Better than nothing, perhaps. But sender and recipient both know that it’s a poor substitute for purchasing a card in a shop, writing on it by hand and then walking to a mailbox to mail it, because contrary to the cliché, it isn’t really the thought that counts but the effort—which is to say, the inconvenience. When you render the process more convenient, you drain it of its meaning.
    Meanwhile, those aspects of life that resist being made to run more smoothly start to seem repellent. “When you can skip the line and buy concert tickets on your phone,” law professor and White House technology advisor Tim Wu points out, “waiting in line to vote in an election is irritating.” As convenience colonizes everyday life, activities gradually sort themselves into two types: the kind that are now far more convenient but that feel empty or out of sync with our true preferences; and the kind that now seem intensely annoying, because of how inconvenient they remain.

    « Piège à efficacité » article du Wall Street Journal – 6 août 2021 (Trad. Auto de Google)

    Certaines formes d’occupation peuvent être délicieuses. Qui ne voudrait pas vivre à Busytown, le décor des livres pour enfants emblématiques des années 60 de l’illustrateur américain Richard Scarry ? Ses chats d’épicerie et ses cochons pompiers sont certainement occupés. Personne à Busytown n’est inactif – ou s’ils le sont, ils sont soigneusement cachés par les autorités, à la manière de Pyongyang. Ce qu’ils ne sont pas, cependant, est dépassé. Ils dégagent la joviale maîtrise d’eux-mêmes des chats et des cochons qui ont beaucoup à faire, mais aussi la certitude que leurs tâches s’adapteront parfaitement aux heures disponibles, alors que nous vivons avec l’anxiété constante de craindre, ou de savoir avec certitude, que les nôtres ne le feront pas.

    La recherche montre que ce sentiment surgit à tous les échelons de l’échelle économique. Si vous occupez deux emplois au salaire minimum pour mettre de la nourriture dans l’estomac de vos enfants, il y a de fortes chances que vous vous sentiez débordé. Mais si vous êtes mieux loti, vous vous sentirez débordé pour des raisons qui vous semblent tout aussi impérieuses : parce que vous avez une maison plus agréable avec des versements hypothécaires plus élevés, ou parce que les exigences de votre (intéressant, bien payé ) conflit professionnel avec votre envie de passer du temps avec vos parents vieillissants, ou de vous impliquer davantage dans la vie de vos enfants, ou de consacrer votre vie à la lutte contre le changement climatique.

    Le problème quand on essaie de trouver du temps pour tout ce qui semble important, c’est que vous ne le ferez certainement jamais. La raison n’est pas que vous n’avez pas encore découvert les bonnes astuces de gestion du temps ou appliqué suffisamment d’efforts, ou que vous devez commencer à vous lever plus tôt, ou que vous êtes généralement inutile. C’est que l’hypothèse sous-jacente est injustifiée : il n’y a aucune raison de croire que vous vous sentirez jamais « au top » ou que vous consacrerez du temps à tout ce qui compte, simplement en en faisant plus.

    C’est parce que si vous réussissez à vous intégrer davantage, vous constaterez que les objectifs commencent à changer : plus de choses commenceront à sembler importantes, significatives ou obligatoires. Acquérir une réputation pour faire votre travail à une vitesse incroyable, et vous en recevrez plus. Trouvez comment passer suffisamment de temps avec vos enfants et au bureau, pour ne pas vous sentir coupable non plus, et vous ressentirez soudain une nouvelle pression sociale : passer plus de temps à faire de l’exercice ou rejoindre l’association parents-professeurs. oh, et n’est-il pas enfin temps que vous appreniez à méditer ? Lancez-vous dans l’entreprise parallèle dont vous rêvez depuis des années, et si cela réussit, il ne faudra pas longtemps avant que vous ne soyez plus satisfait de la garder petite.

    Le choix que vous pouvez faire est d’arrêter de croire que vous résoudrez un jour le défi de l’occupation en vous entassant davantage, car cela ne fait qu’empirer les choses.

    Le principe général à l’œuvre ici est ce que l’on pourrait appeler le « piège de l’efficacité ». Vous rendre plus efficace, soit en mettant en œuvre diverses techniques de productivité, soit en vous conduisant plus fort, n’entraînera généralement pas le sentiment d’avoir « assez de temps », car, toutes choses étant égales par ailleurs, les exigences augmenteront pour compenser les avantages. Loin de faire avancer les choses, vous créerez de nouvelles choses à faire.

    Pour la plupart d’entre nous, la plupart du temps, il n’est pas possible d’éviter complètement le piège de l’efficacité. Mais le choix que vous pouvez faire est d’arrêter de croire que vous résoudrez un jour le défi de l’occupation en vous entassant davantage, car cela ne fait qu’empirer les choses. Et une fois que vous cessez d’investir dans l’idée que vous pourriez un jour atteindre la tranquillité d’esprit de cette façon, il devient plus facile de trouver la tranquillité d’esprit dans le présent, au milieu d’exigences écrasantes, car vous ne faites plus votre tranquillité d’esprit. dépend de la gestion de toutes les demandes. Une fois que vous cessez de croire qu’il pourrait être possible d’éviter des choix difficiles concernant le temps, il devient plus facile de faire de meilleurs. Plus vous gagnez en efficacité, plus vous devenez « un réservoir illimité pour les attentes des autres », selon les mots de l’expert en management Jim Benson. À l’époque où j’étais un geek de la productivité rémunéré, c’était cet aspect de l’ensemble du scénario qui me troublait le plus. Bien que je me considère comme le genre de personne qui fait avancer les choses, il est devenu douloureusement clair que les choses que j’ai faites avec le plus de diligence étaient les moins importantes, tandis que les plus importantes ont été reportées – soit pour toujours, soit jusqu’à ce qu’une échéance imminente m’oblige à terminer. eux, à un niveau médiocre et dans une précipitation stressante.

    L’e-mail du service informatique de mon journal sur l’importance de changer régulièrement mon mot de passe m’inciterait à agir rapidement, même si j’aurais pu l’ignorer complètement. (L’indice était dans la ligne d’objet, où les mots « VEUILLEZ LIRE » sont généralement un signe que vous n’avez pas besoin de prendre la peine de lire ce qui suit.) Pendant ce temps, le long message d’un vieil ami vivant maintenant à New Delhi serait ignoré, parce que je Je me suis dit que de telles tâches nécessitaient toute ma concentration, ce qui signifiait attendre d’avoir une bonne partie de mon temps libre et moins de tâches petites mais urgentes attirant mon attention.

    Et donc, comme le travailleur consciencieux et efficace que j’étais, je mettrais mon énergie y en dégageant les ponts, en passant à travers les plus petites choses pour le sortir du chemin – seulement pour découvrir que cela prenait toute la journée, que les ponts se remplissaient à nouveau pendant la nuit de toute façon et que le moment de répondre à l’e-mail de New Delhi n’a jamais arrivée.

    On peut perdre des années de cette façon, en reportant systématiquement précisément les choses qui comptent le plus. Ce qu’il faut à la place dans de telles situations, j’en suis venu à comprendre progressivement, c’est une sorte d’anti-compétence : pas la stratégie contre-productive d’essayer de vous rendre plus efficace, mais plutôt une volonté de résister à de telles pulsions – d’apprendre à rester avec l’anxiété de ressentir dépassé, de ne pas être au courant de tout, sans répondre automatiquement en essayant de s’intégrer davantage. Il s’avère que la douceur est une vertu douteuse, car ce sont souvent les textures non lissées de la vie qui la rendent vivable. Aborder vos journées de cette manière signifie, au lieu de nettoyer les ponts, refuser de nettoyer les ponts, se concentrer plutôt sur ce qui a vraiment la plus grande conséquence tout en tolérant l’inconfort de savoir que, ce faisant, les ponts se rempliront davantage, avec des e-mails, des courses et d’autres choses à faire, dont beaucoup ne vous seront peut-être jamais accessibles. Vous déciderez parfois encore de vous conduire dur dans un effort pour vous enfoncer davantage, lorsque les circonstances l’exigent absolument. Mais ce ne sera pas votre mode par défaut, car vous ne fonctionnerez plus dans l’illusion de prendre un jour du temps pour tout.

    Il existe une autre manière, particulièrement insidieuse, dont la recherche d’une efficacité accrue déforme notre rapport au temps de nos jours : l’attrait séduisant de la commodité. Des industries entières prospèrent désormais grâce à la promesse de nous aider à faire face à une quantité énorme de travail en éliminant ou en accélérant les tâches fastidieuses et chronophages. Mais le résultat – dans une ironie qui ne devrait pas être trop surprenant maintenant – est que la vie devient subtilement pire. Comme pour d’autres manifestations du piège de l’efficacité, libérer du temps de cette manière se retourne contre lui en termes de quantité, car le temps libéré se remplit simplement de plus de choses que vous pensez devoir faire, et également en termes de qualité, car en essayant de n’éliminons que les expériences fastidieuses, nous finissons accidentellement par éliminer des choses que nous n’avions pas réalisé que nous apprécions jusqu’à ce qu’elles disparaissent. Cela fonctionne comme ça.

    Dans le jargon des start-up, la façon de faire fortune dans la Silicon Valley est d’identifier un « pain point » – l’un des petits désagréments résultant des « frottements » de la vie quotidienne – puis de proposer un moyen de le contourner. Ainsi, Uber élimine la « douleur » d’avoir à rechercher un numéro pour votre compagnie de taxi locale et de l’appeler, ou d’essayer de héler un taxi dans la rue ; les applications de portefeuille numérique comme Apple Pay suppriment la « douleur » d’avoir à chercher dans votre sac votre portefeuille physique ou votre argent. Le service de livraison de nourriture Seamless a même diffusé des publicités – ironiques, mais tout de même – se vantant qu’il vous permet d’éviter l’agonie de parler à un employé de restaurant en chair et en os.

    C’est vrai que tout se passe mieux ainsi. Mais la douceur, il s’avère, est une vertu douteuse, car ce sont souvent les textures non lissées de la vie qui la rendent vivable, aidant à entretenir les relations qui sont cruciales pour la santé mentale et physique, et pour la résilience de nos communautés. Votre fidélité à votre entreprise de taxi locale est l’un de ces fils sociaux délicats qui, multipliés des milliers de fois, unissent un quartier. Vos interactions avec la femme qui dirige le restaurant chinois à proximité peuvent sembler insignifiants, mais elles contribuent à faire du vôtre le genre de zone où les gens se parlent encore, où la solitude induite par la technologie ne règne pas encore en maître. Quant à Apple Pay, j’aime un peu de friction lorsque j’achète quelque chose, car cela augmente légèrement les chances que je résiste à un achat inutile.

    La commodité, en d’autres termes, facilite les choses, mais sans se soucier de savoir si la facilité est vraiment ce qui a le plus de valeur dans un contexte donné. Prenez ces services – sur lesquels j’ai trop compté ces dernières années – qui vous permettent de concevoir puis de poster à distance une carte d’anniversaire, afin que vous ne voyiez ou ne touchiez jamais l’article physique vous-même. Mieux que rien, peut-être. Mais l’expéditeur et le destinataire savent tous les deux que c’est un piètre substitut à l’achat d’une carte dans un magasin, à l’écriture à la main puis à la marche vers une boîte aux lettres pour l’envoyer, car contrairement au cliché, ce n’est pas vraiment l’idée qui compte mais l’effort, c’est-à-dire l’inconvénient. Lorsque vous rendez le processus plus pratique, vous le videz de son sens.

    Pendant ce temps, les aspects de la vie qui résistent à un fonctionnement plus fluide commencent à sembler repoussants. « Quand vous pouvez éviter les files d’attente et acheter des billets de concert sur votre téléphone », souligne le professeur de droit et conseiller en technologie de la Maison Blanche Tim Wu, « faire la queue pour voter lors d’une élection est irritant. » À mesure que la commodité colonise la vie quotidienne, les activités se répartissent progressivement en deux types : celles qui sont maintenant beaucoup plus pratiques mais qui semblent vides ou désynchronisées avec nos vraies préférences ; et le genre qui semble maintenant intensément ennuyeux, à cause de la façon dont ils restent incommodes.


    Lien article : https://www.wsj.com/articles/escaping-the-efficiency-trapand-finding-some-peace-of-mind-11628262751?mod=searchresults_pos2&page=1