Chercheurs du spatial inquiets

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Le Parisien avec AFP – Le 28 décembre 2021 à 19h12

Une soixantaine de chercheurs redoutent, mardi dans une tribune au Monde, que la nouvelle stratégie spatiale française présentée par Bruno Le Maire se « détourne » de la recherche scientifique au profit de la seule dimension industrielle.

Un changement de tutelle, pour un changement de paradigme ? Durant l’été 2020, le secteur spatial français est passé du ministère de la Recherche au ministère de l’Économie. Pour certains chercheurs, cela n’a rien d’anodin, au contraire. « C’est la première fois, depuis soixante ans » qu’une telle évolution a lieu, soulignent-ils dans une tribune parue ce mardi dans Le Monde.

Dans ce document, une soixantaine de chercheurs membres de l’Académie des sciences, dont le climatologue Jean Jouzel, l’astrophysicienne Françoise Combes, le prix Nobel de physique Serge Haroche ou encore le paléontologue Yves Coppens s’inquiètent de la nouvelle stratégie spatiale française, qu’ils accusent de se détourner de la recherche scientifique au profit de la seule dimension industrielle.

Début décembre, Bruno Le Maire a présenté ses objectifs en matière d’espace et son budget, soutenu par 1,5 milliard d’euros du plan d’investissements « France 2030 ». Le ministre de l’Économie a annoncé vouloir « remettre un peu de compétition dans le monde de l’espace », avec le développement d’un lanceur réutilisable européen pour « rattraper le retard » par rapport à l’Américain Space X, et faire davantage de places aux petites entreprises et start-up.

Opposer les deux mondes ?

Une vision qui, selon les signataires de la tribune au Monde, « semble opposer recherche scientifique spatiale et nouvelles applications commerciales de l’espace ». « Ce projet ne pourra réussir dans la durée si l’État se détourne de la recherche spatiale sous prétexte de favoriser l’innovation industrielle », estiment les chercheurs.

« L’évolution du secteur spatial français ne doit pas se faire aux dépens de la recherche scientifique. Or, dès la première année sous cette nouvelle tutelle, les ressources allouées aux missions scientifiques du Cnes (l’agence spatiale française, NDLR) annoncées sont telles que tous les projets envisagés qui devaient commencer dans les quatre prochaines années pourraient être brutalement annulés », poursuivent-ils.

Pour éviter une « perte de confiance de nos partenaires étrangers » et un « assèchement du tissu scientifique français », ils demandent qu’une part du volet spatial du plan de relance soit « ouverte à des projets de recherche scientifique ». Pour ne pas oublier, que même si la concurrence permet parfois l’émergence de projets fous, à l’image de ce que fait le milliardaire Elon Musk avec Space X, la recherche est un pilier de la conquête spatiale.

Image: Banque d’Images, Gavrilichev

Updated/maj. 30-12-2021

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