Simone Veil – film à ne pas revoir

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Lorsque j’ai été invité à une sortie cinéma pour voir un film “Le voyage du siècle” sur la vie de Simone Veil, j’ai de suite accepté. Essentiellement parce que j’ai beaucoup travaillé en journaliste en rendant compte des interventions et suivant la carrière de cette femme. J’étais curieux de voir ce qu’une “adaptation cinématographique” en ferait. Quelques jours à peine après, en lisant Télérama, je découvre une critique sans appel (ci-dessous) de ce film du réalisateur et scénariste Olivier Dahon. Je décidais de ne pas le relire avant d’avoir moi-même vu le film.

Ce mercredi j’ai donc pu me former ma propre opinion, accompagné d’un groupe de femmes membres d’Amassat. On sort de la salle “abattu” par le contexte d’horreur de la guerre et des camps de concentration qui vu survivre Simone Jacob mais perdre plusieurs membres de sa famille. A l’extérieur du cinéma on se sent “retrouver la lumière” d’une vie heureusement “plus saine”.

Rentré chez moi, j’entends ma belle-fille dire qu’elle avait également une opinion très positive de cette personne exceptionnelle et qu’elle avait déjà envisagé à mener ses deux jeunes filles voir ce film. Ma réaction fut immédiate: “Non, cherchez plustot à leur montrer une bon documentaire sur ce sujet.

Car ce film m’a fortement déplu, surtout d’un point de vue de production cinématographique. Le “scénariste” Olivier Dahon s’est livré à une théâtralisation monstrueuse de la vie de Simone Veil. Le film comporte des séquences tout au long du film qui perturbent par un abandon de continuité de narration, l’alternance de temporalité, des “flash-back et retour” sans arrêt, à déconcerter le spectateur.

Il y a des scènes d’horreur prolongées outrageusement, comme une complaisance de visualisation d’images choquantes. Celles des femmes dénudées dans un camp, les scènes dans des wagons “à bestiaux”, ou de la lente marche hivernale de prisonniers d’un camp de concentration à un autre. Ces rappels fidèles à la réalité historique sont certes choquants mais se prolongent au delà de l’acceptable.

On y montre également des scènes – le débat à l’Assemblée Nationale sur l’IVG, ou bien certains discours de Simone Veil qui s’exprime avec une agressivité et véhémence extrême – peutêtre fidèles à la vérité mais que je connaissais pas. Elles sont composées de montages visuels rapides et de niveaux sonores très élevés avec une musique sombre mais trop forte. S’ajoutant à l’horreur de la souffrance vécue, tout cela est difficile à accepter. Je me suis surpris à penser que certains spectateurs seraient bien tentés de quitter la salle.

Deux séquences du film m’ont cependant touché, et ému : celle de sa défense des incarcérés et torturés lors de la guerre d’Algérie, qui m’a fait penser à Gisèle Halimi – et sa campagne pour les élections Européennes en 1979 – qui a fait vibrer ma corde de citoyen Européen convaincu.

Si ce film illustre bien la force de caractère volontariste de Simone Veil, et ses racines profondes, son attachement à des valeurs essentielles, il ne rend pas justice, à mon avis, à l’Histoire, à la continuité de sa vie en hachurant le scénario. Au contraire, il la dénature au profit du spectaculaire. On est bien dans la modernité d’un cinéma qui est tenté de faire “le buzz”.

La production se termine avec des images entremêlées (encore!) résumant les périodes de sa vie. Elles sont accompagnées d’une citation “voix off” de Simone Veil, sans doute tirée de son autobiographie “Une Vie”, publiée en 2007. Des phrases de vérité sur la dureté de la vie, sa force de caractère, les dangers de la résignation et une vue de ‘l’Histoire’ qui, elles, traduisent bien ce que j’ai toujours admiré de cette femme exceptionnelle. Citation qu’il faudra que je retrouve… A suivre. [Simone Veil 1927-2017]

Dernières phrases du film, à trouver.

Les deux interprètes : Elsa Zylberstein et Rebecca Marder

Updated/maj. 28-10-2022

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