L’œuvre dérangeante de Francesca Woodman

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Cela fait plus de deux ans que je suis subjugué par l’œuvre de cette jeune photographe américaine Francesca Woodman que j’ai découvert dans les posts Facebook de Jeanne Ingrassia. Son histoire de jeune femme tourmentée est poignante mais ses mises en scène, ses auto-portraits et ses images troublantes me font toujours réagir: elles sont fascinantes, illuminées, des créations pures, et provocantes – provocantes non dans le sens de choquer, mais de sollicitation à se questionner sur le monde. Jeanne Ingrassia est revenue ce janvier à cette artiste avec une nouvelle série d’images, la plus-part de la collection de ses parents George and Betty Woodman. J’illustre ce beau texte biographique, écrit par Jeanne Ingrassia, avec quelques unes et j’en ai fait une galerie.

 

<< Météore, à la fois enfant naïve et d’une maturité inquiétante, elle aura pendant ses quelque neuf années de créations compulsives marqué indélébilement l’histoire de la photographie. Et maintenant encore toutes les ondes de ses cailloux jetés dans l’espace des jours n’ont pas fini de déferler sur nos rivages.Prises entre 1972 et 1981, les photographies de Woodman sont presque toutes en noir et blanc et dépeignent un monde figé, retiré hors du temps, que le monde moderne n’atteint pas.

L’appartement devient l’espace de claustration, d’odyssée et de questionnements vers l’intérieur de soi-même et de ses fantômes.

Son corps, plus rarement celui de son modèle et amie intime, Sloan Rankin, est le prétexte a une exploration mentale, à une suite de fuites métaphysiques avec des flous de bougé, des masques, des dérobades en en se cachant dans le cadre, avec des rendus souvent imperceptibles ou invisibles par la coupe du cadrage, les temps de pose très longs, les miroirs comme autant de gouffres.

La jeune fille est son miroir, son abîme, son puits insondable. Elle rampe vers le miroir pour s’y engloutir et édifie une véritable disparition par l’image.

Comment ne pas me tuer dans un miroir et disparaître et réapparaître dans la mer où m’attend un grand bateau avec toutes ses lumières allumées?

Cette mer où renaître sera pour Francesca Woodman l’autre côté du miroir, et elle s’y est jetée en se défenestrant de son loft new-yorkais à 22 ans, le 19 janvier 1981. One being angel, (celle qui voulait être un ange), titre d’une de ses séries d’images, Francesca Woodman l’a accompli, et a donc fait le saut de l’ange.

Jouant avec ses formats carrés d’un boîtier 6×6, elle met en scène d’étranges images surréalistes où le temps s’arrête, pris dans le filet des très longues expositions.>>

[Suite du texte…]   [Notre galerie d’images, en deux parties]

Updated/maj. 21-11-2021

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