Auteur/autrice : Martin Ransom

  • Arrêt du dernier satellite « toupie »

    Arrêt du dernier satellite « toupie »

    Souvenirs, souvenirs! Le dernier satellite de type « toupie », cylindre stabilisé en tournant, vient d’être mis hors service. Astra-2D avait été lancé depuis Kourou lors du vol V138 le 20 décembre 2000 par une Ariane 5 pour une vie nominal de 15 ans, largement dépassée.

    Le 19 janvier, les équipes de son propriétaire la Société Européenne de Satellites (SES au Luxembourg) ont arrêté sa diffusions de programmes de télévision.

    La série 376-HP, était fabriquée à l’époque par Hughes Space & Communication (aujourd’hui Boeing), à près de 60 exemplaires entre 1980 et 2003.

    Elle héritait sa conception de « spinner » – permettant des économies de carburant – de SYNCOM, le tout premier satellite mis en orbite géostationnaire en 1963. L’argument de vente avait été : « If it spins, it wins! ».

    Source: Communiqué de Boeing et photos SES.

    L’ingénieur Stan Kent de Boeing envoie les dernières commandes au satellite.
    (SES photo: Anne Lellinger)

  • Tisser une constellation

    Tisser une constellation

    It’s DONE! The Carina Nebula, as seen in one of the first @NASAWebb images… in cross stitch! 🛰️🤩

    Started in July a week after the image release, entire thing is 7” across for scale.

    Source : compte Twitter de Yvette Cendes

  • Tisseurs de liens

    Tisseurs de liens

    Texte de Sylvie Decobert qui interroge sur les relations entre individus, les rôles qu’on peut avoir dans un groupe et finalement le degré d’amitié qu’on peut avoir – ou pas – avec une personne. Cela m’a inspiré pour analyser plusieurs contextes que j’ai moi-même vécu.


    Savez-vous ce qu’est « un tisseur de liens » ?

    Souvent silencieux dans les groupes, les tisseurs de liens sont ceux qui créent de la cohésion et l’ambiance positive dans un groupe, et qui sont en général assez discrets.
    Avez-vous déjà vécu l’expérience suivante ? Vous êtes dans un groupe qui fonctionne tant bien que mal et un jour arrive un nouveau membre de l’équipe. Ce membre peut être la nouvelle secrétaire, le stagiaire, un nouveau collègue, un nouvel associé, un nouveau collaborateur, voire un nouveau chef et tout d’un coup, sans qu’on sache pourquoi, tout devient compliqué, obscur et lourd.

    Aujourd’hui, on sait que la cohésion du groupe n’est pas le fruit du hasard, c’est une chimie, de la même façon que l’on marie des ingrédients choisis pour créer de bons petits plats. C’est exactement la même chose en intelligence collective : des individus diversifiés mariés à d’autres afin d’obtenir la meilleure des équipes. Pour qu’une intelligence collective fonctionne, il faut des gens ayant cette culture du collectif, ce goût du faire ensemble: cette aptitude n’est pas innée, elle s’apprend.

    Imaginez maintenant créer une équipe avec un employé toxique, un manipulateur, un chef dictatorial alors vous aurez sans doute beaucoup de mal à créer une dynamique d’intelligence collective et encore moins d’avoir des résultats co-créatifs. Beaucoup de groupes aujourd’hui -et c’est une grave erreur d’appréciation- créent des équipes avec le premier venu sans même savoir qui il est et quelles sont ses compétences relationelles. C’est pourquoi il est important d’apporter un soin à cette étape du « recrutement », que ce soit en entreprise, en association, en club…

    Imaginez alors les tisseurs de liens dans le groupe, qui sont à la base du bon fonctionnement d’une équipe et dont l’extrême empathie leur permet d’évaluer la nature et les potentialités d’une personne. Et, vous leur demandez de travailler avec un collaborateur toxique. Soit une personne qui agit dans l’ombre pour saper la structure même du groupe 😳. Pourquoi donc font-ils cela, me direz-vous ? Il peut y avoir plein de facteurs, parfois convergents: jalousie, mal-être, domination, problèmes psychiques, manque de culture, volonté délibérée de nuire…

    Ce fameux tisseur de lien qui est extrêmement sensible risque de finir en burn out parce que d’un côté il va ressentir beaucoup de distorsions dans le comportement de l’autre, qui vont l’épuiser. Il est de plus, dans un tel environnement, une cible facile pour ces collaborateurs néfastes. C’est pourquoi, très souvent, ce sont souvent les personnes les plus vertueuses qui abandonnent leur poste en premier.

    “Vous lisez dans les gens comme dans un livre ouvert, ce qui fait que vous pouvez mieux détecter leurs mensonges. Être empathique permet souvent de dévoiler la façade derrière laquelle se cachent les gens et de comprendre pourquoi ils l’érigent». Vous savez quand ils mentent et pourquoi. C’est plus qu’une intuition. Vous savez réellement si quelqu’un est franc simplement en l’écoutant parler ou en observant son langage corporel. «Les gens empathiques sentent immédiatement si les choses vont bien… ou pas!»… C’est d’autant plus difficile pour eux de se mouvoir dans un environnement toxique, car ils perçoivent immédiatement ce qui est dysfonctionnel.

    Et vous, avez-vous déjà vécu ce type d’expérience ? Comment avez-vous réagi ?


    Tisseurs de liens? C’est un texte qui m’inspire bp parceque j’ai vécu de telles situations et j’analyse ma propre approche aux individus et collectifs et que je me pose bp de questions sur MA responsabilité quand une relation « tourne mal ».

    J’ai aussi eu à être animateur / meneur d’une équipe et rétrospectivement je pense que je n’a pas pu bien « mener la barque ». J’ai tjrs été aussi un individualiste qui aime/aimait travailler seul, être pleinement maître du résultat. Et d’autres ont du « accepter ce mec », s’y accomoder.

    Tisser un lien me fait penser à mon fils qui vient de faire un stage de management, lui qui mène son équipe de FR3 Pau….

  • 2487 satellites lancés en 2022

    2487 satellites lancés en 2022

    Les statistiques de lancements de satellites compilés par Jonathan McDowell sont remarquables et révélateurs de l’explosion d’activité dans ce domaine. Tenez l’année 2022: il y a eu au total, tout pays confondus, 2487 satellites mis en orbite. Il y a dix ans, ils n’étaient que 132.

    Le pays qui en a lancé le plus, les États Unis bien sûr (1937) avec la plus grosse part, les constellations de SpaceX. Et la société de Elon Musk est repartie pour de nouveaux records.

    Nous ne sommes que le 19 janvier, et SpaceX a déjà effectué cinq lancements de sa fusée Falcon, c’est une cadence d’une tous les 3,8 jours. A cette allure, on peut imaginer 96 lancements cette année!

    Si ce n’était les questions d’éthique de pollution de notre environnement Terrestre par ces petits satellites, on dirait bravo!

    Quant à l’Europe, pays de l’Ouest, c’est un total de 191 satellites mis en orbite, dont 10 par la France et 117 par, ou plus précisément pour la Grande Bretagne, essentiellement de la constellation OneWeb.

  • C’était il y a 43 ans : L01

    C’était il y a 43 ans : L01

    Merci à Christian Lardier, historien emerite du spatial, de nous le rappeler!

    Le 24 décembre 1979, il y a 43 ans, c’était le vol inaugural du lanceur européen Ariane-1 depuis le centre spatial Guyanais (CSG).

    Au départ, le vol était prévu le 15 décembre à 11 h 30 (heure locale). La séquence synchronisée débute six minutes avant le décollage. Mais à H=0, alors que les moteurs s’allument, la fusée ne décolle pas : à +8 sec, les moteurs s’éteignent : c’est le tir avorté ! A H+1,7 sec, une explosion s’est produite dans une tuyauterie de mesure de pression à l’intérieur de la chambre de combustion du moteur A.

    Après remise à niveau, une nouvelle séquence de lancement commence le 22 décembre, une semaine après le tir avorté. Le 23 décembre à 11 h 54, début de la séquence synchronisée n°2 : arrêt à H-52 sec à cause d’une valeur anormale de la tension d’une batterie de bord imputable à au système INCA. Une fois ce problème réglé, un autre plus grave est intervenu au niveau de la sphère d’hélium de pressurisation, provoquant un nouveau report au lendemain.

    C’est donc le 24 décembre, à 13 h 31, que la séquence synchronisée n°3 commence. Un arrêt du décompte intervient à H-2 min 14 (rouge lanceur). A 14 h 09, la séquence redémarre et les moteurs s’allument cinq minutes plus tard.

    La fusée décolle enfin et place la capsule technologique CAT (217 kg + 1385 kg de lest) sur une orbite de transfert géostationnaire.

  • Génération TicToc – IFOP

    Génération TicToc – IFOP

    GÉNÉRATION TIKTOK, GÉNÉRATION “TOCTOC”? ENQUÊTE SUR LA MÉSINFORMATION DES JEUNES ET LEUR RAPPORT À LA SCIENCE ET AU PARANORMAL À L’HEURE DES RÉSEAUX SOCIAUX

    A l’heure où TikTok s’impose comme le réseau social préféré des jeunes français, que sait-on de l’impact de cette plateforme sur ses utilisateurs, qui sont de plus en plus nombreux à l’utiliser pour se divertir mais aussi pour s’informer ? Alors que la crise sanitaire a été un terreau propice à l’essor des théories complotistes dans un contexte de défiance généralisée envers les autorités, la Fondation Reboot et la Fondation Jean-Jaurès ont commandé à l’Ifop une enquête auprès des jeunes visant à mesurer leur porosité aux contre-vérités scientifiques et ceci au regard de leur usage des réseaux sociaux. Entre platisme, astrologie, créationnisme, sorcellerie et vaccinophobie, cette étude montre la sécession d’une partie de la jeunesse avec le consensus scientifique : les adeptes des thèses conspirationnistes et plus généralement des croyances irrationnelles étant particulièrement nombreux chez les jeunes, notamment chez ceux qui utilisent beaucoup les réseaux sociaux.

    LES CHIFFRES CLES

    1 – La posture des jeunes à l’égard de la science s’avère de plus en plus critique : seul un jeune sur trois (33%) estime aujourd’hui que « la science apporte à l’homme plus de bien que de mal » alors qu’ils étaient plus d’un sur deux à le penser il y a cinquante ans (55% en 1972). A l’inverse, la proportion de jeunes percevant négativement ses bienfaits sur l’humanité a triplé entre 1972 (6%) à 2022 (17%), tandis que le sentiment qu’elle n’a pas d’impact restait, lui, relativement stable (41%, +3 points). Or, cette défiance croissante à l’égard de la science va de pair avec une sécession avec nombre de « vérités » faisant consensus dans le milieu scientifique.

    2 – Sur les origines de l’homme par exemple, l’enquête révèle que plus d’un jeune sur quatre croit aujourd’hui au « créationnisme » : 27% des jeunes de 18 à 24 ans estiment que « Les êtres humains ne sont pas le fruit d’une longue évolution d’autres espèces (…) mais ont été créés par une force spirituelle (ex : Dieu) ». Et cette contestation de l’évolutionnisme s’avère particulièrement forte chez les sondés se disant « religieux » (60%), les personnes appartenant aux minorités religieuses attachées à une vision littérale des textes (ex : 71% des musulmans) et aux catégories populaires au regard de leur catégorie socioprofessionnelle (38% des ouvriers).

    3 – En dépit des évidences scientifiques, le « platisme » trouve aussi un écho significatif dans la jeunesse française. Alors qu’elle reste marginale chez les seniors (3%), l’idée selon laquelle on nous ment sur la forme de la Terre est partagée en effet par près d’un jeune sur six (16%). Présentant les mêmes caractéristiques socio-culturelles que les adeptes du créationnisme, les platistes sont surreprésentés chez les jeunes potentiellement les plus exposés à ces thèses sur internet, notamment les gros utilisateurs de services de vidéos en ligne comme YouTube (21%), d’applications comme Telegram (28%) ou de TikTok comme moteur de recherche (29%).

    4 – Reposant sur l’idée que des extraterrestres auraient joué un rôle dans l’essor des premières civilisations, l’« Alien Theory » affiche elle aussi un nombre significatif d’adeptes : 19% des jeunes âgés de 18 à 24 ans souscrivent à l’idée que « (…) les pyramides égyptiennes ont été bâties par des extraterrestres », soit trois fois plus que chez les seniors (5%). Moins liée à l’emprise du religieux sur les esprits, l’adhésion à cette théorie ufologique est particulièrement forte dans les rangs des jeunes à faible niveau socio-culturel, peut-être parce qu’ils ont pu être plus exposés à cette thèse à la télévision via une série usurpant les codes du documentaire.

    5 – Faisant référence à un évènement plus contemporain, la théorie du « Moon hoax » (« canular lunaire ») a quant à elle une audience croissante chez les jeunes : 20% des jeunes estiment désormais que « Les Américains ne sont jamais allés sur la lune », soit une proportion en hausse 5 points en 5 ans. Et comme la plupart des théories prenant le contrepied des informations officielles, cette thèse s’avère particulièrement populaire chez les jeunes « musulmans » (46%) ou d’extrême-droite (26% des sympathisants lepénistes), deux catégories dont l’antiaméricanisme n’est peut-être pas étranger à leur refus de reconnaître l’exploit américain de 1969.

    6 – Dans un brouillard informationnel post-Covid propice au complotisme, nombre de jeunes adhérent aussi dans des «fake news» médicales dangereuses pour la santé. L’efficacité de la chloroquine contre le Covid-19 est ainsi reconnue par un jeune sur quatre (25%) et ils sont encore plus (32%) à croire que les « vaccins à ARNm (…) causent des dommages irréversibles dans les organes vitaux des enfants ». Et dans la confusion liée à l’actualité sur le sujet, l’idée selon laquelle on peut avorter sans risque avec des plantes est, elle, partagée par un quart des jeunes (25%) et plus d’un tiers (36%) des utilisateurs pluriquotidiens des réseaux de microblogging (36%).

    7 – Enfin, à l’heure où des réseaux sociaux comme TikTok sont accusés de favoriser les théories complotistes (cf étude NewsGuard3), une part significative de jeunes semble perméable aux thèses trumpistes sur la vie politique américaine.  La thèse selon laquelle « L’assaut du Capitole en janvier 2021 a été mis en scène pour accuser les partisans de Donald Trump » a par exemple un nombre d’adeptes (24% en moyenne) deux fois plus élevé chez les utilisateurs pluriquotidiens de TikTok (29%) que chez les non-utilisateurs (19%). Alertant sur la sécession d’une fraction importante de la jeunesse avec le consensus médiatique, ces chiffres tiennent donc beaucoup au mode d’information et plus particulièrement à l’usage des réseaux sociaux comme Twitter ou TikTok.

    8 – Cette plus grande perméabilité des jeunes à un imaginaire complotiste se retrouve dans d’autres croyances infondées scientifiquement telles que l’astrologie ou l’occultisme. Ainsi, 49% des jeunes estiment aujourd’hui que « l’astrologie est une science », contre 43% en 1999. Et sur d’autres croyances occultes, cette tendance à la hausse est encore plus nette au regard du nombre de jeunes qui croient par exemple aux esprits (48%, +8 points depuis 2004) ou en la réincarnation : 35% en 2022, soit une hausse de 15 points en seize ans. Et un clivage générationnel se dessine aussi bien dans la croyance dans les prédictions des voyants (38%, contre 12% des séniors) que dans celle liées aux envoutements et à la sorcellerie (36%, contre 20% parmi les plus de 65 ans).

    9 – Il est vrai que les jeunes se montrent nettement plus sensibles que leurs ainés à des superstitions à caractère occulte. Globalement, 59% croient en au moins une d’entre elles, contre 21% des plus âgés. Et ce gap générationnel se retrouve sur toutes les croyances, qu’il s’agisse du mauvais œil (44%, contre 10%), dans les fantômes (23%, contre 4%), les démons (19% chez les plus jeunes, contre 8%) ou bien encore dans les marabouts (13% des 18-24 ans, contre 4%). A nos yeux, les désordres informationnels de l’ère internet viennent sans doute accentuer la perméabilité traditionnelle des jeunes générations à ces croyances surnaturelles.

    10 – Cet essor des croyances complotistes ou infondées s’inscrit dans une révolution des pratiques informatives où la défiance à l’égard de l’information verticale issue des autorités s’est accompagnée d’une confiance plus grande dans sa transmission horizontale via les réseaux sociaux. Or, cela peut s’avérer problématique au regard du nombre de jeunes (41%) utilisant TikTok comme moteur de recherche qui estiment qu’un influenceur qui a beaucoup d’abonnés peut être une source fiable. Symptomatique d’un nivellement de l’expertise, ce chiffre révèle le manque de raisonnement critique d’une partie de la jeunesse à l’égard des « influenceurs populaires ».

    François Kraus et Thomas Pierre

    Fiche méthodo

    « Étude Ifop pour la fondation Reboot et la fondation Jean Jaurès réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 28 octobre au 7 novembre 2022 auprès d’un échantillon national représentatif de 2 003 jeunes, représentatif de la population française âgée de 11 à 24 ans. »

  • Dream Chaser

    Dream Chaser

    Vue d’artiste

    La société Sierra Space sous contrat avec la NASA pour la desserte de l’ISS en cargo et transport d’astronautes avance avec son programme d’avion spatial. Dans son usine dans le Colorado le Dream Chaser DC 400 prend forme. La société vise un premier vol vers la Station Spatiale Internationale sans astronautes à la fin cette année 2023 et envisage une mission habitée en 2025. Décidément l’optimisme regne dans ce secteur. Note perso: grands regrets que l’Europe ait abandonné Hermes. Source : Aviation Week et Sierra Space.

  • Conjonction de croissants

    Conjonction de croissants

    Une surprenante conjonction : derrière un voile nuageux on distingue un très mince croissant de Lune et au-dessus, également en phase de croissant la planète Venus. Image de l’astro-photographe Iván Éder.

  • Vega C – Echec pour l’Europe

    Vega C – Echec pour l’Europe

    Note personnelle

    C’est également un échec de la « communication » dans ce secteur. En commentateur depuis Kourou de lancements j’ai vécu en direct de tels échecs. Mais c’était une autre époque. Nous étions alors dans une équipe directement dirigée par la société Arianespace elle-même. Une équipe bien encadrée, bien briefés, avec réunions de production, connaissant bien les procédures très strictes en cas d’incident en vol. Les commentateurs étaient également souvent des journalistes spécialisés dans le spatial, l’aéronautique ou le scientifique.

    La vidéo-transmission « RoadToSpace » de ce vol par la société « Superbossproductions » a démontré tous les dangers de la sous-traitance en communication de sujets aussi techniques. J’ai souffert en suivant une commentatrice qui n’avait aucune connaissance de la règle cardinale en situation de crise : ne pas chercher à en savoir plus, et se taire! On ne s’extasie surtout pas une nouvelle fois sur « un beau décollage » alors tout indique, pour un connaisseur, que ça mal se terminer.

    Décollage de la fusée Vega C, à Kourou (Guyane), le 20 décembre 2022. JM GUILLON / AP

    La perte de Vega C, un échec sévère pour l’Europe spatiale

    Les Européens se retrouvent sans solution à court terme pour lancer leurs satellites. La question d’autonomie d’accès à l’espace se pose d’autant plus que le lanceur Ariane 6 ne sera pas disponible avant 2024.

    Le Monde, article de Dominique Gallois, publié le 21/12/22

    Cruelle fin d’année et surtout sombres perspectives pour l’Europe spatiale. Son ambition de rester dans la course face aux Américains et aux Chinois est sérieusement remise en cause après l’échec du lancement de sa nouvelle fusée Vega C. Mardi 20 décembre, deux minutes et vingt-sept secondes après son décollage de la base de Kourou, en Guyane, ce lanceur qui devait mettre en orbite deux satellites d’observation Pléiade d’Airbus a quitté sa trajectoire en raison d’une baisse de pression de son deuxième étage. Selon la procédure standard, l’ordre de destruction de cette fusée a alors été donné. Les débris sont tombés dans l’océan Atlantique sans faire de victime.

    Une commission d’enquête indépendante sera mise en place a indiqué le président exécutif d’Arianespace, Stéphane Israël. Elle  aura « la responsabilité de mettre en évidence la cause de la défaillance et de proposer des actions correctives solides et durables pour garantir un retour en vol sûr et fiable de Vega C », a -t-il précisé. « Nous assumons pleinement la responsabilité de cet échec», a de son côté reconnu Giulio Ranzo, le patron de l’italien Avio, maître d’œuvre industriel de cette fusée.

    Cet échec fragilise Arianespace, qui risque de se retrouver plusieurs mois sans lanceur pour honorer ses contrats commerciaux. Jusqu’au début 2022, la firme européenne disposait d’une gamme de trois fusées, dont deux Européennes : la petite Vega, pour les satellites légers en orbite basse entre 300 et 2 000 kilomètres de la Terre, et sa grande sœur Ariane 5, pour de lourdes charges à placer en géostationnaire à 36 000 kilomètres. Elle complétait son offre avec des lanceurs russes Soyouz vers l’orbite basse, indispensables pour répondre à son carnet de commandes.

    Décalage

    L’année 2022 devait être celle du renouvellement de la gamme avec la mise en service de Vega-C, plus performante que le modèle précédent, et Ariane 6, un lanceur polyvalent pouvant couvrir à la fois l’orbite basse et le géostationnaire, à des prix 40 % à 50 % inférieurs à ceux d’Ariane 5 pour être compétitifs avec les fusées Falcon lancée par Space X, la firme d’Elon Musk. Mais rien ne s’est déroulé comme prévu.

    A commencer par Soyouz. A la suite du déclenchement de la guerre en Ukraine, le 24 février, Moscou a décidé de stopper toute collaboration avec l’Europe et les équipes russes ont quitté Kourou. Plus question de lancer des fusées. Impossible pour Arianespace de transférer vers Vega C les satellites prévus sur les missions Soyouz, le plan de charge étant complet. Les clients privés se sont alors tournés vers d’autres sociétés de lancement. Ainsi, pour continuer à déployer sa constellation de satellites diffusant l’Internet haut débit, le français OneWeb a choisi l’Américain SpaceX mais aussi l’indien NewSpace India Limited.

    Le 13 juillet, le tir de qualification s’était déroulé sans encombre, ce qui rend plus déroutant encore l’échec du premier vol commercial

    Deuxième revers : Ariane 6. Dès les premiers mois de 2022, il est devenu certain que le calendrier prévoyant un vol dans l’année serait à nouveau décalé, lui qui avait déjà plus de trois ans de retard. En décembre, l’ESA a annoncé un premier tir de qualification pour le quatrième trimestre 2023, les vols commerciaux devant débuter l’année suivante. Ce nouveau décalage compromet le passage de relais entre Ariane 5 et Ariane 6. Il ne reste que deux fusées à lancer pour le programme Ariane 5. Les tirs sont prévus au premier trimestre 2023. Pendant plus d’un an, l’Europe ne pourra pas donc mettre de satellites en orbite géostationnaire.

    Et jamais deux sans trois avec aujourd’hui Vega C. Le 13 juillet, le tir de qualification s’était déroulé sans encombre, ce qui rend plus déroutant encore l’échec du premier vol commercial. Des conclusions de la commission d’enquête dépendront l’utilisation ou non des deux petites Vega restantes. Si le problème provient effectivement uniquement du deuxième étage, elles pourraient alors être lancées, car les deux fusées n’ont pas le même modèle de structure à ce niveau (Z 23 pour Vega et Z 40 pour Vega C).

    En attente

    Le défi est de taille pour Arianespace, qui doit impérativement assurer douze tirs de Vega C et vingt-neuf d’Ariane 6 pour respecter son carnet de commandes. La firme a déjà trois années pleines de contrats jusqu’à fin 2026, le plus important de ces contrats étant les dix-huit lancements pour déployer la constellation de satellites Kuiper d’Amazon visant à fournir de l’Internet haut débit depuis l’espace. Le moindre décalage lui sera préjudiciable et exploité par ses concurrents, que ce soit Space X, qui domine le marché commercial, ou les nouveaux entrants comme l’Inde.

    Dans l’immédiat, le risque d’incapacité de mettre en orbite des satellites pendant plusieurs mois pose la question de l’autonomie d’accès à l’espace des Européens, une question essentielle de souveraineté. Déjà, du fait du retrait de Soyouz, cinq missions sont en attente de lanceurs : deux pour les satellites de géolocalisation Galileo de la Commission européenne, deux pour l’ESA, et une pour le ministère français des armées.

    Difficile d’imaginer un satellite français de défense embarquer sur une fusée étrangère, tout comme ceux de Galileo, qui pourraient attendre, étant des satellites redondants. En revanche, en raison de son programme, le télescope Euclid de l’ESA, visant à étudier l’expansion de l’Univers au cours des dix milliards d’années, devrait partir avec SpaceX… Cette décision a été prise en octobre.

    Quelques semaines plus tard, le 23 novembre, changement de ton. Les trois principaux contributeurs financiers de l’ESA, la France, l’Allemagne et l’Italie, ont signé un accord réaffirmant le principe d’une préférence européenne pour les lancements dits « institutionnels », c’est-à-dire ceux menés au profit des agences spatiales nationales et européennes. Un accord qui risque de rester lettre morte faute de fusées.

  • Orion extraordinaire vidéo

    Orion extraordinaire vidéo

    J’ai constitué beaucoup d’images au cours de la mission Artemis. Mais, en émotion, rien d’aussi intense que cette vidéo exceptionnelle du retour de la capsule Orion.

    Les vues ont été prises en direct par les quatre cameras aux extrémités des panneaux solaires, des GoPro Hero 4 modifiées, et une à l’intérieur de l’habitacle.

    La vidéo a du être traitée de plusieurs manières – mise à l’échelle correcte, suppression de la compression, des artefact, mauvais plans et doublons. La première partie d’approche de la Terre est accélérée à 10000% et l’entrée dans l’atmosphère 600%

    Un travail d’orfèvre de Simeon Schmauß de la NASA.