Milou en mai (1990)

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France 5 rend hommage au scénariste disparu la semaine dernière en diffusant “Milou en mai”, film de Louis Malle avec Michel Piccoli, Dominique Blanc et Miou-Miou. Nous sommes en mai 1968, dans une maison du Gers. C’est l’histoire d’une double effervescence : celle d’un pays et celle d’une famille…

Il y a des événements qui marquent en même temps la mémoire intime et collective : on se souvient précisément de ce qu’on était en train de faire à ce moment-là, avec qui on était, etc. Mai 68, évidemment, en fait partie. Mais pour Milou, ce printemps a une couleur particulière, car c’est surtout la mort de sa mère. “Milou en mai”, film de Louis Malle, est diffusé sur France 5 ce lundi 15 février à 21h en hommage à son co-scénariste, Jean-Claude Carrière, décédé la semaine dernière.

Casting quatre étoiles

Milou est un bon vivant, un homme qui se laisse vivre et qui parle en latin à ses abeilles, parce que ça les calme. Milou, c’est Michel Piccoli, adorable Michel Piccoli. Il a la soixantaine, il vit avec sa mère dans une belle maison du Gers, recouverte de vigne vierge. Et voilà que madame Vieuzac s’écroule d’une crise cardiaque, en faisant la cuisine. Alors la famille débarque, en ordre dispersé. Miou-Miou, Dominique Blanc (merveilleuse), Bruno Carrette (des Nuls), ou encore Michel Duchaussoy. Un casting quatre étoiles. Des personnages complexes et attachants jusque dans leurs mesquineries.  

On voit venir les engueulades autour de l’héritage… Et ça ne loupe pas. Milou voulait mourir dans cette maison. Mais la famille parle de tout vendre, c’est plus simple pour partager. Il y a de l’électricité dans l’air. « Milou en mai » raconte deux effervescences simultanées, celle d’une famille et celle d’un pays. Le tout, à huis clos dans cette grande maison, loin de la Sorbonne et des barricades. D’ailleurs, la radio joue un rôle central. Les actualités. On entend une voix amie, dans le transistor : celle du journaliste Jacques Paoli, jouée par… son fils, Stéphane Paoli. 

Vive la révolution (sexuelle)?

On veille la défunte en écoutant la radio. Mais l’enterrement est compromis : la France est à l’arrêt, les croque-morts sont en grève ! Alors on reste là, et les repas se prolongent. Les Vieuzac ont-ils des raisons de s’inquiéter, de se méfier des rouges ? C’est une famille de propriétaires. Mais ce vent de liberté que fait souffler le mois de mai aurait tendance à tous les dérider. On boit un coup de trop, on fume un joint, et voilà que le pique-nique sous un arbre donne des envies folles. Vive la révolution ! Et cette libération sexuelle dont on parle beaucoup, en mai 68, aura-t-elle lieu dans cette maison ? C’est bien possible… 

Le charme de « Milou en mai » tient largement au scenario, et donc à Jean-Claude Carrière. C’est un film impertinent, mélancolique et drôle. Il est question des familles et des choses qu’on ne se dit pas, des choses qu’on n’ose pas. Il est question des bassesses humaines, mais aussi de la poésie qui n’est jamais loin si on la cherche un peu. Et surtout des plaisirs de la vie. Milou a le sens de la formule. En voici une, parmi d’autres : « Vous savez ce que disait Voltaire ? J’ai décidé d’être heureux, parce que c’est bon pour la santé. » 

Texte de Dorothée Barba, France Inter, 15/02/2021

Updated/maj. 15-02-2021

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