Valse à la tête du CNES

André Lebeau et Jean-Daniel Levi. Valse à la tête du Cnes
(Article de presse, La Dépêche?)

Le Centre national d’études spatiales vient de vivre un changement de têtes éclair et dans la douleur. Sorties d’André Lebeau, président, et de Jean-Daniel Levi, directeur général; arrivée à la présidence d’Alain Bensoussan, mathématicien qui dirige l’Institut national de recherche en informatique et automatique depuis 1984.

Nommé en 1990, Levi incarnait une continuité sans grand relief. Quant à Lebeau, nommé à la tête du Cnes en 1993 après un passage à Météo France, il n’a jamais montré un grand enthousiasme pour les vols habités.

Plutôt démissionnés que démissionnaires, ce double départ est-il le signe de décisions à venir? Où plus simplement l’appel à un homme nouveau (il n’est, pour l’instant, pas fait mention d’un remplacement de Levi, et Bensoussan pourrait cumuler les deux postes) pour conduire un Cnes en crise? L’Agence vit mal le choix fait au niveau politique en faveur des vols habités et de la station spatiale internationale, organisée autour du tandem américano-russe. Un choix qui exige d’amputer les programmes nationaux, diminuer les effectifs et l’autonomie de l’agence française. Dur pour un organisme habitué à donner le la, aussi bien aux politiques qu’à ses partenaires européens.

Mais, depuis l’abandon des rêves d’autonomie européenne dans le domaine des vols habités avec le flop de l’avion spatial Hermès, l’absence de stratégie à long terme, la rétraction des crédits et le suivisme des Allemands vis-à-vis de la NASA plombent l’agence. Malgré le succès de la filière Ariane et de plusieurs satellites scientifiques ou d’observation de la Terre, il dépend de plus en plus des compromis passés à l’Agence spatiale européenne. Indispensable, le dynamisme reconnu du nouveau président risque de ne pas suffire.