Un film qui m’a ravi: délice de scénario, de contexte bucolique, d’humour et de dialogues délicieux. Je l’ai vu la première fois le 4 juin 2021… et je ne manquerai pas de le revoir avec Paulette. Voici la critique avant diffusion de Télérama.
Par Mathilde Blottière
Avant de nous embarquer dans sa « comédie sentimentale avec un âne » sur les sentiers de randonnée cévenols, la réalisatrice Caroline VIGNAL prend soin de nous lancer sur une « fausse » piste : le désespoir de la maîtresse délaissée par l’homme marié. Maîtresse dans tous les sens du terme, puisque Antoinette est institutrice et que son amant n’est autre que le père d’une élève… Au lieu de passer comme promis les vacances dans ses bras, celui-ci doit partir en famille sur le « chemin de Stevenson » : 200 kilomètres que l’auteur de L’Île au trésor raconta avoir arpentés dans Voyage avec un âne dans les Cévennes (1879). L’amoureuse décide de le suivre en cachette…
Sur place, entre Patrick (ladite bourrique, formidable dans son rôle) et le petit peuple des randonneurs, Antoinette voit son horizon s’élargir. La perspective d’un triste marivaudage itinérant s’évanouit au profit d’un périple initiatique sur les voies rocailleuses de l’introspection.
Au fil du chemin, la fille esseulée s’émancipe tout en assumant son cœur d’artichaut. Caroline Vignal, dont c’est seulement la deuxième réalisation en vingt ans, manie avec brio l’art du contre-pied, réussissant un film en mouvement, drôle et plein de charme, toujours surprenant.
Dans ce décor fait de grands espaces et de ciels d’été, le duo femme-bête se révèle irrésistible. Pour son premier rôle principal, Laure Calamy déploie enfin l’étendue de son registre. Voluptueuse et pathétique, puérile et indépendante, aussi à l’aise dans les scènes burlesques que dans les situations sur le fil, elle impressionne sans jamais cesser de nous toucher. Une héroïne de proximité en somme.
Updated/maj. 06-06-2021
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