Je viens de lire avec énorme plaisir le livre “témoignage” de Anne Lauvergeon “La femme qui résiste” qui vient de paraître. Je t’encourage à le lire si ce n’est pas encore fait.
Je partage ici mon appréciation avec toi (*) car à l’époque de Mitterrand tu l’évoquais souvent à Sud. L’ayant peut-être/sûrement rencontré, tu partageais une appréciation de première main, alors que de loin nous autres dans la rédaction toulousaine nous ne la suivions que par l’actualité des dépèches AFP et, il faut l’avouer, par l’attrait physique de cette femme élégante et plein de charme.
Bien des années plus tard je l’ai croisée dans les étages de direction d’Alcatel Espace à Toulouse, alors que l’on m’avait demandé un ‘rapport’ sur la stratégie de “restructuring” de Serge Tchuruk, étude que m’avait demandée Thierry Deloye. (Mon “rapport” était bien piteux comparé aux rapports que AL avait l’habitude de pondre, en tant que “sherpa” et secrétaire adjointe de l’Elysée.)
Ce livre est fascinant, sur l’histoire de sa carrière, et surtout dans sur la nature des relations qu’elle a eu avec deux hommes diamétralement opposés, de stature (!) bien différentes: Mitterrand et Sarkosy. Avec le premier c’est l’osmose, le partage de culture, la confiance (entre la trentenaire et celui qui aurait pu être son grand-père), l’intelligence, le respect mutuel. Cela correspond parfaitement à l’appréciation que j’avais de FM.
Je partage également l’analyse qu’elle a vécu, régulièrement humiliée mais “résistante” et combattante avec le second. Ce livre lui permet de régler ses comptes avec la mégalomanie, l’esprit mesquin, clanique, et intérêts personnels qui nous ont “gouvernés” lors du dernier quinquennat. La narration de son tête-à-tête “vérités” avec NS après sa non-reconduction d’Aréva est majestueusement racontée. C’est un petit joyaux du livre. Petit détail apprécié: l’opinion péjorative que livre NS sur Alexandre de Juniac qu’il allait pourtant placer ensuite à la tête d’Air France – et avec qui ma fille doit maintenant indirectement composer!
La vue d’ensemble d’AL sur des disfonctionnements de la société française depuis le début des années 90 est, je pense, très pertinente, tant au niveau politique que industrielle et sociale. (Elle ne le mentionne pas dans ce livre mais je suis quasiment sûr de ce qu’elle pense de l’évolution désastreuse qu’a fait subir Arnaud Lagardère à l’ensemble qu’avait crée son père). Je crois qu’avec ta plus grande connaissance du “microcosme” parisien tu partageras aussi ces analyses.
Je vais suivre avec intérêt l’actualité et la carrière de cette femme d’autant plus qu’elle rentre au Conseil de Surveillance de EADS, secteur qui m’a tant passionné – en remplaçant (peut être éventuellement) une autre personne Louis Gallois que j’ai eu l’occasion de connaitre.
[* Email à Christian G.]
Updated/maj. 22-11-2015
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