Texte lyrique de Bénédicte Soula trouvé sur Facebook ce 27/7/2022
Pourquoi est-ce en été, pendant les vacances, que les souvenirs nous rendent visite avec le plus d’intensité ? Dans ces creux de la vie, où le cœur délesté repose ; dans ces matins brûlants et étales, où resurgissent, mystère tellurique, les parfums heureux d’autrefois. Ils n’ont rien perdu de leur force, de leur présence, dans leur volonté de survivre au temps carnivore.
Je cours tête nue sur un chemin de cailloux, ou sur une plage de Méditerranée, mes sœurs sur mes brisées, ma mère essoufflée un chapeau à la main. Je lis couchée dans l’herbe piquante, le tee-shirt retroussé sur le ventre quand le poids du bonheur sur mes paupières papillons me fait piquer du nez. Les odeurs de café et de chicorée mêlées, qui me reviennent dans un gargouillis de cafetière, sont des bras paternels qui enveloppent à la fois forts et tendres mes craintes d’enfant. Je me revois en proie à l’impatience, piétinant dans la maison pour commencer à écrire dans un petit cahier vert, vierge. Je lui câline le dos, comme si c’était un chat abandonné à mes bras. La radio passe “Another Day in Paradise”. Tu as vite appuyé sur « record » pour l’immortaliser sur ta vieille cassette, mais rien à faire, Procuste est passé par là. La voix de Phil Collins est coupée au début par l’animateur trop bavard et à la fin pour une réclame publicitaire. De toute façon, la bande magnétique est molle. Une vieille chaussette. C’est ta mémoire qui l’enregistrera dans la grande compil de ta vie.
Combien de musiques remontent avec les chaleurs de l’été depuis les profondeurs du passé ? Combien de souvenirs de baisers, de caresses elles escortent, et de larmes salées ? Tu t’en souviens toi de ce vieux jean qui semblait cousu pour tes jambes galbées ? De ce petit haut que tu as trop lavé, témoin de tes bonheurs les plus insoutenables ? La plus belle pour aller danser, tu te souviens ? Et de ce garçon aux yeux menthe à l’eau qui s’est fait prendre à tes filets.
Updated/maj. 27-07-2022
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