Qui es tu?

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Photo Sylvie Decobert

Post de Sylvie le 1er novembre 2018

Quand je demande à ceux que je rencontre de me parler d’eux- mêmes, je suis souvent attristée par la pauvreté de ma moisson. On me répond: je suis médecin, je suis comptable…j’ajoute doucement: vous me comprenez mal.

Je ne veux pas savoir quel rôle vous est confié cette saison au théâtre mais qui vous êtes, ce qui vous habite, vous réjouit, vous saisit ?

Beaucoup persistent à ne pas me comprendre, habitués qu’ils sont à ne pas attribuer d’importance à la vie qui bouge doucement en eux.

On me dit: je suis médecin ou comptable mais rarement: ce matin, quand j’allais pour écarter le rideau, je n’ai plus reconnu ma main…ou encore: je suis redescendu tout à l’heure reprendre dans la poubelle les vieilles pantoufles que j’y avais jetées la veille; je crois que je les aime encore…ou je ne sais quoi de saugrenu, d’insensé, de vrai, de chaud comme un pain chaud que les enfants rapportent en courant du boulanger.

Qui sait encore que la vie est une petite musique presque imperceptible qui va casser, se lasser, cesser si on ne se penche pas vers elle ?

Les choses que nos contemporains semblent juger importantes déterminent l’exact périmètre de l’insignifiance: les actualités, les prix, les cours de la Bourse, les modes, le bruit de la fureur, les vanités individuelles.

Je ne veux savoir des êtres que je rencontre ni l’âge, ni le métier, ni la situation familiale; j’ose prétendre que tout cela m’est clair à la seule manière dont ils ont ôté leur manteau.

Ce que je veux savoir, c’est de quelle façon ils ont survécu au désespoir d’être séparé de l’Un par leur naissance, de quelle façon ils comblent le vide entre les grands rendez- vous de l’enfance, de la vieillesse et de la mort, et comment ils supportent de n’être pas tout sur cette terre.

Je veux savoir ce qu’ils perçoivent de l’immensité qui bruit autour d’eux.

Et j’ai souvent peur du refus féroce qui règne aujourd’hui, à sortir du périmètre assigné, à honorer l’immensité du monde créé.. Mais ce dont j’ai plus peur encore, c’est de ne pas assez aimer, de ne pas assez contaminer de ma passion de vivre ceux que je rencontre...”

[Christiane Singer]

MR: Très vraie. Une citation qui résonne, Sylvie, comme si on l’avait écrit soi-même. Mais… combien sommes nous à cerner ce fort intérieur en nous mêmes, de pouvoir vivre ces valeurs du « soi »? Et puis combien sommes-nous à oser l’exprimer à autrui? Quand on voit qu’on partage cette approche, c’est deux âmes qui se rencontrent. C’est rare. C’est une partie de la réponse au problème posé. ????

Updated/maj. 01-11-2018

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