Dans le grand rangement du bureau en cours (mais quel bordel de décennies souvenirs!), j’ai retrouvé un paquet Colissimo qui m’avait été envoyé en 2005 par Monsieur Chanssard qui avait racheté la propriété des Vaux Roussins à mes parents.
Ce paquet oublié à leur déménagement vers le Trescols contenait et toujours une collection de lettres entre mes parents – correspondance surement très révèlateurice sur leur histoire personnelle, que je n’ai ni la volonté ni le temps de parcourir.
Mais également que des vieux documents. On y trouve des papiers et cahiers ayant appartenu à mon grand-père Gaby. [Je remets ce paquet Colissimo pour une examen éventuel, il ne peut aller à la déchèterie!]
Mais surtout un document que j’ai pris la peine de feuilleter: un exemplaire de la revue “La Plume au Vent”, conçue et écrite en 1938 par les élèves du collège de Fontainebleau où était ma mère Claire.
On y trouve des poèmes d’auteurs aux noms familiers de Marguerite Drouin et de Jeanne Deleume (future Jeanne Martin-Sain Léon), des amies écolières proches de m mère. Ainsi que deux œuvres de Claire Fournier.
Dans la forêt
A l’ombre d’un grand feu tu étais là couchée,
Tes jambes nonchalantes étendues sur la mousse
Ta tête reposait sur ton bras blanc, penchée,
Tu semblais bien perdue dans ta rêverie douce.
Le soleil brunissait la courbe de ton cou,
Tu fredonnais distraite un refrain très aimé,
Et la brise indiscrète en caressant ta joue
Emmêlait tendrement tes cheveux parfumés.
Près de nous un bouleau, flexible sous le vent
De son feuillage épais jetait une ombre errante;
Pau à peu ma présence en un rayon mourant
Disparaissait au loin de ta songerie lente.
Mais toi indifférente et ne voulant rien voir
Tu poursuivais ton rêve, ô nymphe forestière,
A mes pieds tu riais, mais sans apercevoir
Les larmes de dépit qui brulaient mes paupières.
Soir
Doucement le soir tombe sur le parc enchanteur,
L’atmosphère irréelle a su bercer mon âme,
Dans le ciel empourpré des dernières lueurs
La lune s’est levée dans sa rêverie calme.
Un frisson langoureux a passé sur l’étang,
Un corbeau nonchalant en a frôle les eaux
Sur la rive les cygnes s’endorment en songeant
Au printemps qui revit ce soir là calme et beau.
Le fer des éperons d’un jeune lieutenant
En cadence résonne sur la pavé royal,
Il passe indifférent au charme de l’instant
Puis disparait dans l’ombre d’une voûte ogivale.
Le grand parc a repris sa majesté sereine,
Promeneur amoureux de l’œuvre des aïeux
Rêvez, rêvez aux rois, aux belles souveraines,
Leur âme peuple encore ces jardins merveilleux.
En retranscrivant ces textes, impossible de ne pas se souvenir d’éléments qui ont été importants dans la vie de Claire-Clairette-MaClaire : les peintures d’arbres de la forêt de Fontainebleau qui sont une partie essentielle de son œuvre, le lac des cygnes et le parc du château de la ville, l’uniforme de “lieutenant” que ma mère a peutêtre aimé… et de me souvenirs de l’intérêt très critique mais encourageant qu’apportait ma mère à mes premières écritures, dès mon enfance.
Updated/maj. 17-10-2022
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