On se fait peur avec le Starship?

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Très intéressants échanges, sur Twitter, entre deux de mes anciens collègues du spatial, Bill Harwood de CBS News et Stefan Barensky Rédacteur en Chef de la revue Aerospatium, chacun expert en fusées, déroulements et conditions de lancement. Dans le passé nous avons tous trois travaillé à la base de Kennedy pour des lancements divers, dont ceux de la Navette Spatiale.

Mais aujourd’hui il s’agit de la méga-fusée Starship d’Elon Musk. Elle a été développée comme cargo de transport et prévue comme transporteur d’astronautes. Elle a fait ses premiers vols d’essais, plusieurs réussis avec retour intact au sol sur la base privée à Boca-Chica dans le désert du Texas.

Elon Musk qui voit toujours plus grand et en qui croit la NASA lui ayant attribué un gros contrat de lancement d’astronautes avec sa Falcon 9, voudrait lancer son Starship avec astronautes depuis Cap Canaveral.

Précisément depuis l’aire de lancement historique Space Launch Complex 40 (SLC 40). Là d’où partaient les Navettes et aujourd’hui le tout nouveau gros lanceur de la NASA, le SLS, en essais finaux avant son vol inaugural dans les prochains mois…

Le Starship SN9 près des restes d'un essais malheureux

Bill Harwood a lancé la discussion en reprenant un communiqué à ce sujet de la NASA: l’Agence américaine dit “étudier toutes les options dont le transport d’astronautes depuis SLC-40”.

Mon ami Stephan Barensky ne rate pas l’occasion de rappeler que l’aire de lancement SLC-39, toute proche, avait été conçue pour résister à l’explosion d’une Saturne 5 de l’époque Apollo. Une telle explosion aurait représenté l’équivalent de 440 tonnes de TNT. Ce qui avait conduit à situer le bâtiment d’intégration VAB a une distance assez loin de 5 km. Et même lors des lancements, on y fermait les volets roulants pour protéger les fenêtres du centre contrôle.

Bien documenté, Stefan fait la comparaison avec le Starship, propulsé par un premier étage “Super Heavy” haut 69 mètres et dont la puissance d’explosion accidentelle sur un pas de tir est estimé à entre 1-2 kilotonnes de TNT. Ce qui nécessiterait de doubler la distance, à quelque 10 km, pour sécuriser la base.

Ce retrouve dans ces échanges, une autre facette du “New Space” et des relations délicates entre l’agence spatiale d’état et des entreprises privées qui progressivement prennent le dessus. Encore plus compliqué quand un Elon Musk a des ambitions qui souvent on paru délirantes.

On a toujours su que dans le spatial le “risque zéro” n’existe pas. On a beau faire tous les calculs et essais, et après des années de développement, lancé l’ordre “allumage” pour le décollage, l’erreur peut être cachée.

J’étais à Kourou et le premier vol d’Ariane 5 s’est désintégré quelques secondes après avoir décollé. Elon Musk lui-même a essuyé de nombreux échecs au sol et en l’air de sa fusée Falcon avant qu’elle ne devienne opérationnelle – et qui aujourd’hui mène le marché des lancements.

Une histoire dont je suivrai les développements.

Updated/maj. 03-07-2022

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