Manifeste anti-déclinisme – Michel Serres

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C’est trop facile de dire – surtout avec les années qui passent – “C’était mieux avant”. Mais “non” dit le philosophe Michel Serres dans un nouvel essai.

“Je voulais simplement comparer le monde d’aujourd’hui, et le monde d’il y a cinquante ans. Et là, il n’y a pas photo du tout. Certes le monde n’est toujours pas bon, mais il est meilleur.”

“La révolution immatérielle bouleverse la pédagogie. Il faut à la fois tenir compte de l’état des choses, et tenir compte de la tradition.”

L’auteur de Petit Poucette affiche son ras-le-bol devant les râleurs de tous poils, riches et bavards, devenus majoritaires, ces colériques qui nous assènent « C’était mieux avant », titre de ce bref essai paru aux éditions du Pommier.

Or, « avant », lui, il y était : né en 1930, dans l’entre deux guerres, passé par l’école navale, puis le rue d’Ulm, docteur en philosophie en 1968, ce « voyageur infatigable de la pensée » en a vu d’autres et se réjouit de ne pas encore tout vu. Comme Érasme et son éloge ironique de la folie, il fait ici un éloge paradoxal du passé. De ce « XXe siècle politique qui enchanta notre enfance », peuplés d’hymnes et de drapeaux, de cet avant où « nous fûmes guidés par Mussolini et Franco, Hitler, Lénine et Staline, Mao, Pol Pot, Ceausescu… rien que des braves gens », de cet avant où on mourrait à la guerre et où le mensonge régnait.

Aucune nostalgie, aucune, pour ce temps où chacun était renvoyé à ses origines, sa classe, sa religion…. Parole d’expert !

Notre philosophe académicien et grand public ne clame pas pour autant : « c’est tellement mieux aujourd’hui ». Et se garde la possibilité de rêver : ce sera « mieux après ».

(Source et photo : France Culture)

Updated/maj. 25-08-2020

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