Les Chinois entre participation, bouderie et concurrence

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Pour les acteurs de Galileo, une autre déconvenue est arrivée le 3 février. Tous ont découvert, ce jour-là, que la Chine venait de lancer un quatrième satellite Beidou, destiné à compléter son propre dispositif de navigation guidée de l’espace. Depuis, des informations ont laissé entendre que l’engin avait été placé sur une mauvaise orbite. Mais cet échec n’apaise pas les Européens qui n’avaient pas été prévenus de ce tir par les Chinois alors que ces derniers ont signé, en 2003, un accord de partenariat pour participer à Galileo, à hauteur de 200 millions d’euros.

Depuis, les observateurs du dossier se répartissent en deux camps. Il y a ceux qui se disent certains que les Chinois ont toujours eu l’intention de développer leur propre système global, et non pas seulement régional comme ils l’avaient affirmé lors du lancement des trois premiers Beidou, entre 2000 et 2003. Selon eux, Pékin ne s’est rapproché du programme que “pour voir” le jeu d’un futur concurrent.

De fait, les Européens se sont toujours méfiés : en dépit des demandes de Pékin, ils ont refusé que les pays tiers siègent au même rang que les Vingt-Sept dans l’Autorité de surveillance de Galileo mise en place début 2007. Dans le cadre du mandat de négociation avec les pays tiers qu’elle doit obtenir, jeudi 22 mars, la commission devrait d’ailleurs proposer à la Chine, mais aussi à Israël, l’Inde, l’Ukraine, la Corée du Sud ou le Maroc de faire partie au sein de l’autorité de surveillance d’un “conseil externe”. Une solution tardive et peu appréciée des Chinois.

L’autre tendance, parmi les experts, est donc de considérer que la Chine s’est sentie humiliée par tout ce temps passé à lui trouver une place qui ressemblera finalement à un strapontin. Le quatrième tir de Beidou serait donc une manifestation de cette bouderie : une menace claire de créer un système concurrent, au moment où les pourparlers avec les Européens piétinent.

Ces représailles inquiètent d’autant plus les futurs concessionnaires du programme qu’ils craignent d’arriver, en 2012, sur un marché certes prometteur – 300 milliards de dollars (226 milliards d’euros) d’ici à 2020, d’après les estimations bruxelloises – mais très encombré.

Le réseau russe Glonass, mis en place par les militaires comme le GPS américain, est en train d’être complété et modernisé. Le GPS lui-même doit faire l’objet d’améliorations qui pourraient réduire l’avance de Galileo.

Le système européen peut toutefois continuer de miser sur la précision et la sécurité de son signal pour attirer des clients payants. Mais cette supériorité n’apparaît plus suffisante pour garantir la rentabilité du dispositif.

Jérôme Fenoglio. et Philippe Ricard (à Bruxelles)
Article paru dans l’édition du Monde du 22.03.07.

Updated/maj. 21-03-2007

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