L’EPR, une faillite française

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L’EPR, une faillite française
13.04.2018 (mis à jour à 10:54)
Par Guillaume Erner

Superfail | Retour sur le calendrier très tendu de mise en service de l’EPR avec François Lévêque, professeur d’économie à Mines-ParisTech, alors que le président de l’Autorité de Sûreté Nucléaire a annoncé mardi des défauts graves de soudure sur le site de Flamanville dans la Manche.

 

Le président de l’Autorité de Sûreté Nucléaire, ANS, Pierre-Franck Chevet, est revenu en des termes sévères ce jeudi 12 avril au Sénat sur les nouveaux défauts de soudure mis au jour mardi sur le fameux EPR de Flamanville dans la Manche.

Il faut dire qu’en France le nucléaire c’est une religion.
Au mieux le nucléaire n’est pas physique, il est métaphysique, c’est l’ANS qui le dit dans son dernier rapport. Et je dois dire que ce rapport fait plus pour Dieu que Saint-Thomas et le discours d’Emmanuel Macron aux Bernardins réunis.

Que dit-il ? Que les tuyaux de la centrale nucléaire doivent être en exclusion de rupture : la probabilité de leur rupture doit être égale à 0. Un progrès considérable dans l’histoire des mathématiques parce qu’en général la probabilité d’un événement physique n’est jamais nulle.

Pour le nucléaire français, on a inventé le risque zéro, celui dont on dit qu’il n’existe pas. La perfection incarnée, les tuyaux de Flamanville… Cela ne vous rappelle rien ? Mais si bien sûr, Dieu est parfait, c’est même le premier terme de la preuve ontologique formulée par Saint Anselme de Cantorbéry, au XIème siècle, Dieu est un être parfait affirmait le saint homme. Dieu est parfait et s’il n’existait pas, il ne serait pas parfait, c’est donc qu’il existe, assénait Saint Anselme.

Le nucléaire français, c’est un peu la même chose, le tuyau est parfait parce que sinon il ne serait ni nucléaire, ni français. Le tuyau est parfait ou plutôt sera parfait à la fin des temps…
Vous avez donc compris pourquoi l’EPR n’est pas prêt de fonctionner, Dieu est mort disait l’autre et les tuyaux de l’EPR ne se sentent pas très bien…

Avec notre invité : François Lévêque, professeur d’économie à Mines-ParisTech où il enseigne l’économie industrielle et l’économie de l’énergie. Ses travaux de recherche portent sur la politique de la concurrence, la réglementation des industries de réseau et la transition énergétique.

En caricaturant, les réacteurs nucléaires ressemblent un peu aux aéroports, on en construit peu et surtout, ils sont tous différents. Si on reprend l’image de la voiture, pour un modèle donné, on standardise, avec parfois même des plateformes communes pour plusieurs modèles.

Dans le nucléaire on ne standardise pas suffisament. Plusieurs entrerprises réalisent des réacteurs et chaque type est différent. Il faut aussi tenir compte de l’évolution technique et des nouvelles règles de sûreté. Comme tout cela évolue, il faut faire évoluer également votre réacteur en fonction.

Le nouveau modèle d’EPR n’est ni construit dans les temps, ni dans le budget.

[Source site web de France Culture]

Updated/maj. 13-05-2018

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