Dans l’attente d’Artemis I

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Ce n’est pas exagérer que dire que cette mission d’un nouveau lanceur est “historique”. Pas simplement parce-qu’elle représente un retour des voyages vers notre satellite naturel, mais par la configuration de cette fusée la plus puissante jamais construite,  cela en coopération avec l’Europe dont on doit se réjouir.

C’était le discours cette dernière semaine du Directeur-Général de l’Agence Spatiale Européenne Josef Aschbacher. “Avec cette mission l’Europe va à la Lune et c’est un privilège d’être partenaire avec la NASA“. Il faisait référence au rôle crucial du Module de Service Européen (ESM), héritage direct des cargo ATV de l’ESA, qui fournira la propulsion et les support vie à la capsule Orion qui ira faire un tour ou deux de la Lune. “C’est la première fois que la NASA nous confie un rôle aussi important dans un programme aussi important.

C’est la toute première fois que l’Europe construit un vaisseau spatial habité. 35 ans après avoir voulu le faire avec l’avion spatial Hermès. Six modules ESM doivent être fournis pour le programme Artemis, à 210€ millions chacun. Avec en échange, trois sièges réservés pour des astronautes Européens lors de futurs missions.

Une des rares images publiées par la NASA qui nous fait rééllement plaisir

Mais n’allons pas trop vite dans cette ambiance optimiste. Il reste avant tout que cette mission inaugural est un essai, sans astronautes à bord, qu’il faut tenter de réussir. “On a tout fait pour cela, maintentant il faut faire ce vol ” avouait le directeur de la mission lors d’une conférence de presse. Or dans le spatial, on ne le répète pas assez, le risque zéro n’existe pas. Tous les grands pays du secteur le savent bien, l’Europe incluse.

Les choix de la NASA contestés

Cette mission a lieu, également, à une charnière dans l’activité spatiale. On parle de “New Space” dans laquelle les acteurs du privé font concurrence avec les “anciens” acteurs étatiques, ou institutionnels, aujourd’hui obligés d’innover, d’adopter de nouvelles approches à la conception et de processus industriels plus performants. (Élan poussé très fortement par Josef Aschbacher.)

Que la mission Artemis I réussisse – ou non, et surtout dans ce cas – le débat entre les choix faits par la NASA pour retourner à la Lune va revenir au devant de la scène. Les opposants au système de la fusée Space Launch System n’ont cessé de critiquer ces choix. Qui selon eux ont entrainé les retards et le dérapage des coûts du programme.

La NASA travaille sur le programme SLS depuis la mise à la retraite de la Navette en 2011. Elle espérait alors faire voler la fusée en 2016, un objectif démesurément optimiste. Les retards ont gonflé le coût. En mars cette année, l’Inspection Général de la NASA révélait au Congrès qu’un seul lancement, au lieu de couter 2$ milliards, serait plutôt de 4,1$ milliards.

En 10 ans le programme aura coûté 23$ milliards. Le coût d’un lancement ne devrait pas beaucoup diminuer. En vérité l’Inspecteur Général a beaucoup troublé en avouant que ces missions ne lui semblaient pas à long terme être durables.

Les estimations initiales se basaient sur une “configuration d’économies” en utiliserait des éléments déjà éprouvés et puis améliorés : un premier étage central propulsé par trois moteurs RS-25, ceux-là mêmes utilisés par les Navettes spatiales – de boosters latéraux également utilisés avec les Navettes – et un étage supérieur ICPS (Interim Cryogenic Propulsion Stage), moteur RL-10 bien éprouvé dans la famille des fusées Delta IV.

Comme l’ont fait remarquer beaucoup de représentants du Congrès et surtout les adeptes du “New Space”, ces choix de la NASA ne sont pas allés dans le sens de la nouveauté. Ils ont surtout mis en avant l’absence de réutilisation des éléments du programme SLS-Orion.

Alors que les deux concurrents SpaceX et Blue Origin font déjà voler des lanceurs dont l’étage principal est systématiquement récupérable – et à des coûts défiant toute concurrence – ainsi que des vaisseau spatiaux, tel le Starship de SpaceX, qui le seraient également. On notera que le Starship rentrerait dans l’atmosphère comme un avion, alors que les astronautes d’une mission Artemis reviendront dans une capsule plus traditionnelle.

Mais cela seulement en principe, car l’ensemble envisagé par SpaceX de son lanceur Super Heavy emportant un Starship, conçu tout comme SLS/Orion pour emmener des astronautes vers la Lune, est loin d’effectuer son premier vol.

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Starship hissé au sommet d'une Super Heavy

Comme l’ont fait remarquer beaucoup de représentants du Congrès et surtout les adeptes du “New Space”, ces choix de la NASA ne sont pas allés dans le sens de la nouveauté. Ils ont surtout mis en avant l’absence de réutilisation des éléments du SLS. Alors que les deux concurrents SpaceX et Blue Origin font déjà voler des lanceurs dont l’étage principal est systématiquement récupérable – et à des coûts défiant toute concurrence – et des vaisseau spatiaux, tel le Starship de SpaceX, le seraient également. Mais cela en principe, car l’ensemble envisagé par SpaceX de son lanceur Super Heavy emportant un Starship, conçu pour emmener des astronautes vers la Lune, est loin d’effectuer son premier vol.

Cet aspect, du bon choix ou non de la NASA et accessoirement avec son partenaire de l’Agence Spatiale Européenne, sera un sujet obligé lors de cette mission inaugural du programme Artemis. Si tout se déroule comme prévu, il passera en arrière plan, sinon il pourrait devenir le sujet à controverse principal.

Source images : NASA SLS, ESA, et SpaceX

Aux dernières nouvelles, vendredi 26 août, les météorologues de la NASA prévoient que les conditions seront “à 70% favorables pour un décollage ce lundi 29 août, à 14:33 heure de Paris. Retransmission sur NASA TV et certainement tous les grands médias. La fenêtre disponible sera de 2 heures. Si report, rendez-vous au 2 ou 5 septembre.

Updated/maj. 08-09-2022

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