Collisions spatiales

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Il est des jours quand l’actualité met en relief la fragilité de notre environnement circum terrestre. Et des dangers potentiellement désastreux pour l’humanité.

Dans la nuit de jeudi à vendredi 26-27 janvier un astéroïde a frôlé la Terre, croisant notre planète au-dessus de la pointe d’Amérique du Sud à une distance de seulement 3,600 km. Ce gros caillou au nom de 2023 BU, détecté par hasard il y a simplement un an, a la taille d’un autobus, plus de 8 mètres de long sur près de 4 mètres de large.

Il est passé à l’intérieur de la bande des satellites géostationnaires à 36,000 km et aurait pu en heurter un. Sur une orbite plus proche, il aurait pu menacer directement notre planète, mais il se serait consommé dans l’atmosphère, n’atteignant pas le sol mais offrant un spectacle impressionnant.

En comparaison, l’astéroïde Chelyabinsky, d’une taille de 20 mètres, était rentré en 2013 au-dessus de la Russie, et l’onde de choc avait fracassé des fenêtres près de sa chute.

Les statistiques de probabilité que la Terre soit atteinte sont : objets de 25m, une fois tous les 100 ans avec explosions dans l’atmosphère; 140m, une fois tous les 25,000 ans, avec cratère de 1-2 km et d’éventuels blessés; et objets de 1 km, une fois tous les 500,000 ans, cratère de 10 km et dévastation globale.

Ces derniers sont bien répertoriés, à 95%, ils sont quelque 900; ceux de 140m, 25,000 dont seulement 39% découverts et les plus petits, 5 millions dont moins d’un 1% sont connus.

Passant si près de la Terre, l’orbite circulaire de 359 jours de l’astéroïde 2023 BU s’est vue allongée, mais il continuera a tourner autour du Soleil tous le 425 jours.

Mais cet astéroïde sans conséquence fait pale figure par rapport aux débris d’origine humaine en orbite basse.

Un jour plus tard, l’entreprise de surveillance LeoLabs Space a suivi deux objets qui se sont croisés à quelques 10 m de distance. Évènement confirmé par le spécialiste Jonathan McDowell qui maintient un catalogue de tous les objets en orbite autour de la Terre.

Cela s’est passé à une altitude de 984 km au-dessus de l’Antarctique quand le second étage d’une fusée Kosmos-3M (catalogué objet SLS-16511) a croisé le chemin d’un ancien satellite de communication de données « Parus » Kosmos-236, et celà à peut-être seulement 6 mètres de distance! Jonathan McDowell estime qu’une telle collision peut réellement se produire ces toutes prochaines années.

En effet cette région entre 950-1050 km de la Terre contiendrait environ 160 morceaux de SL-8 et autant de satellites lancés il y a plus de 20 ans. Une collision aurait pu générer plusieurs milliers de débris, qui a leur tour augmenteraient la fréquence d’autre collisions.

Selon LeoLabs Space ce «near miss» doit une nouvelle fois relancer le débat sur la prolifération de débris spatiaux qui ont transformé certaines zones en véritables poubelles.

Problème accentué par la frénésie de lancements chaque fois par dizaines de constellations de petits satellites comme ceux de SkyLink. Nous évoquions récemment les statistiques pour l’année 2022: il y a eu au total, tout pays confondus, 2487 satellites mis en orbite. Il y a dix ans, ils n’étaient que 132.

Même si ces satellites incorporent aujourd’hui des systèmes d’intelligence artificielle de manœuvre pour éviter des collisions, ils contribuent à cette pollution.

Le comble est que malgré ces alertes, bien d’autres pays et organismes officiels y contribuent. Existe déjà la constellation Galileo de l’Union Européenne, qui avec l’aval de l’Agence Spatiale Européenne (ESA), veut aussi se doter d’une constellation IRIS-2 de sécurité Internet et de stratégie militaire. Même le Centre National d’Études Spatiales (CNES) cautionne le projet de nanosatellites Kinéis pour suivre des objets connectés à l’Internet.

Pas autant que les objets là-haut, il reste beaucoup de monde sur Terre à convaincre de l’aggravation de ce problème qu’est la pollution spatiale. Sans parler de celle, lumineuse, que dénoncent les astronomes

2023 BU, gros comme un autobus
Image JPL-Caltech
Tracés des deux objets observés par LeoLabs Space
Diagram de Jonathan McDowell, Harvard Astrophysics
Second étage d'une fusée Kosmos.Photo ITAR Tass
Satellite type Kosmos Parus
Satellites en orbite basse et leur luminosité
Trainée après lancement de satellites SkyLink
Notre ciel devient de moins en moins visible. Image Pexels

Sources divers: NASA, JPL-CalTech, BBC, LeoLabs Space, Jonathan’s Space Report.

Updated/maj. 28-01-2023

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