Au lever, alors que je ne suis pas bien frais, Paulette me fait la remarque: « Tu l’as vue? ». Oui, je l’avais vue, prostrée sous la table basse du salon. Et ne bougeant pas alors que normalement elle venait, avec Bluebelle, réclamer son petit noyau de beurre alors qu’on déjeunait. J’ai fait comprendre que je ne voulais pas en parler.
Pendant la matinée, frustré de toutes part, entre panne de téléphone Adsl, remboursement de Air France dans les limbes, modifications à nos conditions de location AirBnB, y compris mot de passe perdu, je me sentais de plus en plus incapable. La connerie des vieux? Heureusement que Aurélia a pu faire le nécessaire de AirBnB. Et pendant ces qq heures, à l’arrière de mon cerveau, la question de Viebelle.
Le premier mai derniee elle fêtait ses 16 ans. Vénérable âge pour notre chatte, soeur de Uscarine partie bien plus jeune. Viebelle souffrait probablement d’arthrose et quelques divagations mentales, souvent tournant en rond. Mais elle mangeait bien, n’hésitait pas à voler des croquettes à Blebelle. Elle manifestait encore sa proximité quand je la prenais sur mes genoux pour me lécher le crâne. Avec ses beaux yeux or.
Mais on la voyait maigrir et de moins en moins active. La nuit elle poussait des miaulements plaintifs. Descendant pour le déjeuner, je n’étais donc pas du tout surpris de la voir la tête et l’avant corps fourrée, cachée sous le meuble de la télévision. Signe bien connu d’un félin qui ne fait qu’attendre la fin. Je me demandais si j’étais capable une nouvelle fois, après Béa, d’agir. J’avais des doutes, non pas sur l’action à prendre, mais si j’en avais bien la force – et le cœur assez solide. Émotionnellement alors qu’on subit tous tant de stress ces jours-ci. Les perspectives de mort, les angoisses en tous genres, sont devenues trop oppressantes.
A la fin du déjeuner, Paulette va éteindre le linge dehors. Et dans un éclair de décision, j’agis, cherchant des draps de bain moelleux pour son confort, elle se laisse prendre, le corps bien maigre et sans force, mais l’affection se voyant toujours dans ses jeux. Dans la cave je lui ai parlé pendant ses derniers soupirs et soubresauts.
L’après-midi, lors d’une tentative de randonnée je n’ai pu l’éloigner de mes pensées. Je rebrousse chemin et je rentre à la maison. Chatte grise, corps figé, fourrure toujours câline, et yeux encore ouverts, l’affection s’y voyant toujours. Chatte grise dans drap blanc. Avec des roses rouges et deux très grands iris, jaune et blancs qui viennent tout juste de fleurir. Ces fleurs l’ont accompagné dans un adieu final avec mon amour, ma tristesse. Aléa jecta est.
Aurélia réagit à mon annonce brève : « Courage Papa. C’est fascinant de voir a quel point l homme est fort quand on y pense. L’homme accomplit tellement de chose, souffre, se fatigue, mais il est extrêmement robuste. »
Nicolas lui me dit, en seul commentaire, que sa famille ce matin est se promener à Lourdes.
Viebelle Prat la Tour est née d’une rencontre de Terence Gris Souris (Tipunch) avec Rania Catogan de Mme Dur de Mondonville près de Toulouse.
LOOF: 2004.9039 [Pédigrée]. Elle a eu une portée (deux chatons) le 5 avril 2006 d’une rencontre avec Mozart de Fasel (habitant les Coteaux de St Gayrand,47). Photo : Vue avec l’un de ses deux chatons. Les deux ont été nommés et enregistrés Bonaparte (‘Napo’) et Beethoven par leurs familles d’accueil.
Updated/maj. 28-11-2022
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