Candidate déclarée, Ségolène Royal exalte la nation

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Immobile, statufiée, “habitée” comme elle se décrit parfois, Ségolène Royal reste plantée à la tribune, sans mot dire, derrière son pupitre, pendant quatre minutes. Elle fixe la foule qui lui fait face avec ses panneaux “Pour nous, c’est elle”, et ne sait pas trop en retour comment réagir.

Au terme de son discours, la présidente de la région Poitou-Charentes est devenue officiellement, vendredi 29 septembre, à Vitrolles (Bouches-du-Rhône), candidate à l’investiture présidentielle du PS pour 2007. “Avec simplicité, avec gravité aussi, consciente du poids des mots et de l’impact de l’acte, oui, j’accepte d’assumer cette mission de reconquête pour la France et les épreuves qui vont avec, et dont je veux protéger ma famille”, a-t-elle lancé.

Une ovation l’interrompt. Elle reprend : “Oui, j’accepte d’assumer cette mission, et donc de me présenter au vote des militants, puis, je l’espère, au jugement des Français en gagnant par le mérite leur confiance en avril 2007.”

Orchestre de la Banda du dock, écrans géants, la première grosse fédération ralliée à Mme Royal avait fait les choses pour bien accueillir le 38e déplacement, décisif, de la favorite des sondages depuis le début de sa précampagne commencée en février. Pendant trente-cinq minutes, devant quelque 1 800 militants et sympathisants et de nombreux élus locaux réunis dans la salle des fêtes d’une ville “symbole”, reconquise par la gauche à l’automne 2002 sur l’extrême droite, elle s’est adressée aux “millions d’ouvriers, de salariés, d’employés et de petits commerçants”, aux “anciens et aux jeunes” qui attendent un “vrai changement”.

Tout au long de son discours, Mme Royal a exalté la nation et appelé à “refonder le pacte républicain”. “Plus les insécurités quotidiennes et sociales et les précarités gagnent du terrain, a-t-elle déclaré, plus les Français ont mal à la France et plus ils s’inquiètent de la pérennité de la nation, moins ils sont portés à la vouloir généreuse avec les siens et hospitalière avec les autres.”

“LE NATIONAL ET LE SOCIAL”

Elle poursuit : “Le drapeau tricolore et la sécurité sociale, l’emblème de la République et les outils de solidarité, voilà ce qui cimente en premier lieu l’appartenance commune (…). Car chez nous, on le sait, le national et le social marchent ensemble, et c’est l’Etat qui est garant de cette alliance.”

Pour cette “nation remplissant son devoir”, qu’elle appelle de ses voeux, “innovante et non pas bridée de trop de lourdeurs bureaucratiques”, Mme Royal a soulevé la question de son identité, en appelant la France à “reconnaître tous ses enfants”. “Jusqu’à quand parlera-t-on de deuxième, troisième, quatrième génération ? Jusqu’à quand parlera-t-on de Français de souche comme si les autres étaient de feuillage ou de branchage ?”, s’est-elle exclamée.

L’éducation, “la réussite scolaire, la récompense de l’effort”, la sécurité, avec le projet de proposer “aux jeunes qui dérapent autre chose que la prison pour les recadrer”, font partie des priorités de Mme Royal, pour qui “être fidèle au patrimoine vivant des socialistes, c’est faire ce qu’ont fait nos prédécesseurs : inventer des droits nouveaux, des libertés nouvelles”.

“Le socialisme, a-t-elle ajouté, ce n’est pas une momie enveloppée de bandelettes doctrinales. Nous avons des idées directrices, mais nous sommes un parti vivant.”

Mme Royal a ensuite ouvert le chapitre de la France dans le monde. “Je m’oppose à une diplomatie rhétoricienne, sans crédit. Je veux une diplomatie de partenariat”, a-t-elle souligné. “Dans un monde divisé, hanté, de Bagdad à Kaboul ou Guantanamo, par les conflits de civilisations”, elle veut “mettre le développement, la santé, l’éducation au coeur de notre politique étrangère.” Lundi, elle devrait rencontrer Nicolas Hulot pour parler de “l’excellence environnementale”, citée dans sa “feuille de route”.

Isabelle Mandraud
Article paru dans l’édition du 01.10.06

Updated/maj. 01-10-2006

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