A rainy day in New York

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“Un jour de pluie à New York”, de Woody Allen. Avec Timothée Chalamet, Elle Fanning, Selena Gomez. Film sortie en 2019. Regardé le 25/5/2022 , article retrouvé de TF1 Info du 18/8/2019 par Jérôme Vermelin

Une comédie romantique savoureuse, boycottée aux États-Unis par son distributeur et une partie de son casting en raison des accusations d’attouchements de la fille adoptive du cinéaste.

N’attendez pas la moindre allusion au mouvement MeToo dans le nouveau Woody Allen. Tourné à l’automne 2017, “Un jour de pluie à New York” était quasiment terminé lorsque l’affaire Weinstein a éclaté. Et que le passé du cinéaste américain aujourd’hui âgé de 83 ans est revenu sur le devant de la scène, sa fille adoptive Dylan Farrow l’accusant depuis 1993 d’attouchements sexuels lorsqu’elle était enfant.

L’interview télévisée retentissante accordée par la jeune femme, en janvier 2018, aura raison de la sortie américaine du film, son distributeur Amazon Studios décidant de couper les ponts avec le cinéaste. Dans la foulée, plusieurs de ses acteurs, dont sa vedette Timothée Chalamet, la révélation de “Call Me By Your Name”, décideront de reverser leur cachet au mouvement Time’s Up. Quand bien même les faits, que leur réalisateur a toujours niés, étaient connus de longue date…

Désormais blacklisté outre-Atlantique, Woody Allen a depuis trouvé refuge en Europe, et plus précisément en Espagne où il a tourné un nouveau film cet été,

 

Woody-Allen-2015 by-Adam-Bielawski

tandis que le distributeur Mars Films achetait les droits d’”Un jour de pluie à New York” pour la France. Un pays qui a toujours réservé un accueil enthousiaste à l’un des auteurs les plus prolifiques de l’histoire du cinéma américain. En sera-t-il de même avec ce cru 2019 ?

“Real life is fine for people who can’t do any better”

Après “Café Society” (2016) et “Wonder Wheel” (2017), deux films ancrés dans le passé de sa ville fétiche, Woody Allen explore de nouveau cette dernière au présent avec cette comédie qui réunit la crème des jeunes comédiens du moment. Timothée Chalamet, donc, incarne Gatsby, un étudiant qui se rend à Manhattan avec Ashleigh (Elle Fanning), sa petite amie qui a décroché l’interview de Roland Pollard (Liev Schreiber), un célèbre réalisateur de cinéma, pour le journal de l’université.

Bien vite, le petit couple est séparé par les événements. Pollard accapare Ashleigh tandis que Gatsby croise la route de Shannon (Selena Gomez), la petite sœur d’un amour d’adolescence. Et ce qui devait ressembler à un paisible week-end en amoureux de se transformer en savoureux jeu de pistes où chacun multiplie les rencontres et les péripéties sous une revêche pluie d’automne.

Gatsby est le prototype de l’antihéros allenien . Hyper bavard, un brin narcissique, fâché avec sa famille bourgeoise, il rêve de gagner sa vie en jouant au poker et en écoutant du jazz dans un bar enfumé. Si les personnages de “Midnight in Paris” remontaient le temps pour côtoyer les grands écrivains d’autrefois, Gatsby semble avoir été téléporté depuis une époque où les smartphones et les films de superhéros n’existaient pas . Qu’il assume ou non sa collaboration avec Woody Allen, Timothée Chalamet est excellent.

Face à lui, Elle Fanning livre l’une des performances les plus réjouissantes de sa jeune et déjà riche filmographie. Blonde diaphane chez Sofia Coppola dans “Les Proies”, beauté vénéneuse dans “The Neon Demon” de Nicolas Winding Refn, elle révèle une facette comique inédite dans la peau de l’ingénue Ashleigh, emportée dans le tourbillon de la jet-set intello new-yorkaise, peuplée de mâles égocentriques qui tentent de s’arracher ses faveurs. La seule allusion, bien involontaire, aux questions sociétales du moment.

Un jour de pluie à New York” est l’un des films les plus enlevés de son auteur depuis des lustres. L’un des plus drôles, ponctué de situations cocasses et de répliques qui font mouche, même si pointe ici et là une douce mélancolie. Le temps d’une chanson improvisée au piano par Gatsby. Ou d’un tête-à-tête mère-fils aussi révélateur qu’inattendu. 

Ce qui ne change pas, c’est l’acuité du regard de Woody Allen sur ses contemporains. Sa façon de les croquer avec un mélange de tendresse et de dérision, sans jamais une once de vulgarité. Et d’orchestrer leurs déboires dans une ville de New York presque irréelle, sublimée par la photographie du chef opérateur italien Vittorio Storaro. Et où, peut-être, l’un de ses plus célèbres ambassadeurs ne tournera plus jamais.

Updated/maj. 26-05-2022

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