Une série typiquement British, avec un environnement du centre de Londres où j’ai travaillé, dans les petites ruelles près de Fleet Street et la cathédral de Saint Paul’s – avec un thème principal – celui du divorce et ce qui finalement retient les couples ensemble – ou qui les fracture. Les personnages – admirablement joués – surtout Nicola Walker ont des caractères dont la psychologie est fascinante. Beaucoup de suspense inter-personnel, et pour moi beaucoup de corrélations avec ma propre vie de famille. Écrit par Abi Morgan, le scénario et les dialogues sont excellents. Articles de Télérama, et images extraites des deux séries.
Les amours et désamours d’une famille d’avocates spécialistes du divorce… Une comédie so british étincelante, dont la créatrice Abi Morgan raconte la création.
Après The Hour et River, la brillante créatrice galloise Abi Morgan revenait en 2018 avec The Split, dont les deux premières saisons sont disponibles sur Arte.tv depuis le 3 décembre (une troisième et dernière saison est prévue pour 2022 en Grande-Bretagne). Émouvante chronique familiale au féminin, la série sonde les fêlures inexorables de l’amour. Une pure comédie dramatique dont le résumé peut faire penser à un croisement entre plusieurs grandes séries américaines, mais avec une british touch indéniable. « J’étais en train d’écrire la série quand This Is Us a commencé aux États-Unis, et je peux y voir maintenant une résonance avec mon travail. The Good Wife est également une référence naturelle parce qu’elle met en scène des femmes fortes, et tente de percer leurs armures en allant au-delà du gloss, des tailleurs et des talons aiguilles », nous a confié Abi Morgan.
C’est donc l’histoire de Hannah et ses sœurs (« Rien à voir avec le film de Woody Allen ! »), Nina et Rose. Hannah est une conseillère juridique chevronnée, spécialisée dans les cas de divorce peu banals, qui vient de quitter sa firme — créée par sa mère, Ruth, lorsque le mari de celle-ci est parti du foyer il y a trente ans — pour rejoindre le cabinet rival. Nina fait le même métier mais reste avec Ruth, et va donc se retrouver opposée à sa grande sœur dans plusieurs dossiers. Quant à la petite dernière, Rose, elle ne s’intéresse pas aux questions de divorce… mais s’interroge sérieusement sur son futur mariage qui approche à grands pas. “‘À la Maison-Blanche’, d’Aaron Sorkin, et son fameux ‘walk and talk’, m’ont beaucoup inspirée.” Abi Morgan
Si The Split est aussi étincelante et séduisante, c’est grâce à des dialogues pétillants, un montage survolté et quelques plans-séquences sans cesse en mouvement. « À la Maison-Blanche, d’Aaron Sorkin, et son fameux « walk and talk », m’ont beaucoup inspirée », reconnaît Abi Morgan.Il y a aussi cet aspect lumineux, rare à la télé anglaise, qui se reflète dans la coiffure blonde inédite de Nicola Walker, l’interprète de Hannah. Le visage de l’actrice, lui, ne change pas et demeure ce mystère que l’on tente de décoder, en vain, depuis la série d’espionnage MI-5. Capable de tout exprimer sans que ses traits ne semblent bouger, elle est l’astre autour duquel gravitent tous ces satellites esseulés, au cœur de cet univers familial dysfonctionnel. « J’ai beaucoup écrit pour Nicola Walker, à tel point que j’ai l’impression de la connaître mieux qu’elle-même. C’est une actrice dotée d’une âme profonde, qui invite le téléspectateur à ressentir les émotions. »Abi Morgan : “Après ‘River’, je ne ferai plus jamais de polar” Séries
Lorsque Morgan gratte le vernis, les choses deviennent encore plus intéressantes. À force de regarder les gens se déchirer, les personnages sont amenés à s’interroger sur leurs propres relations. Toutes ces séparations, ces coups bas, ces trahisons, font partie d’une large radiographie qui montre l’état du couple et de la famille, mais pas seulement. « Comme beaucoup, j’ai été choquée par le Brexit. C’était comme la fin d’une histoire d’amour avec l’Union européenne. Symboliquement, cette rupture a eu beaucoup d’influence sur la thématique principale de la série. »
Le talent d’Abi Morgan est de parvenir à glisser, dans ces plaies et failles béantes, de beaux morceaux d’humanité. Avec un humour tendre et une écriture délicate, féministe sans pour autant négliger les hommes. « C’est une série avec un regard féminin prononcé, mais qui ne s’oppose jamais aux hommes. Il était impensable de les exclure du tableau. » Malgré la division annoncée par son titre, The Split chérit ces moments émouvants du quotidien dans lesquels réside encore l’espoir d’une unité retrouvée : un fou rire entre sœurs, un discours d’anniversaire, des regards suspendus emplis de regrets… Tout ce qui montre que nous ne sommes pas des monstres mais de simples « cœurs de verre » fragiles, comme le chante Blondie (Heart of Glass), au détour d’une scène.
Updated/maj. 21-01-2022
Vues : 14
