Le frelon asiatique

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Page écrite pour le site web de l’Association “Les5sites.fr” en juin 2021 – Beaucoup de plaisir à la faire, autant de tristesse aux réactions.

Quand arrivent le printemps et les jours d’été, on est heureux de voir arriver les abeilles qui butinent pour nourrir leurs colonies. Les apiculteurs soignent les ruches et espèrent que les pesticides et les frelons n’ont pas fait trop de dégâts.

Car ces dernières années se sont surtout les frelons asiatiques qui inquiètent. Remontant du sud de la France ils ont aujourd’hui envahi une grande partie de notre pays.

Ils sont redoutables car ils se nourrissent de ces abeilles, s’attaquant directement aux ruches. Il a été constaté que trente frelons peuvent massacrer une colonie de 30 mille abeilles. Un frelon asiatique peut également manger  30 mouches par jour, des guêpes, des chenilles et sauterelles.

Les dégats peuvent être très importants: on estime que d’ici 2032 la France sera totalement envahie et le coût de la lutte pourrait atteindre près de 12 millions d’euro par an. (1)

Le Frelon à pattes jaunes d’origine asiatique (Vespa velutina, ci-dessus à l’attaque d’une ruche), est une espèce exotique découverte dans notre Lot et Garonne en 2004, année de son importation involontaire d’Asie (dans un container de poteries).

On le reconnait facilement avec son thorax brun et noir, sa tête orange avec un front noir et un abdomen doté d’un anneau orangé. En vol ses longues pattes jaunes trainent derrière lui. Contrairement au frelon européen il est très agile et peut faire du stationnaire pendant longtemps.

Comment lutter contre ce ‘Vespa velutina’? A part la destruction de nids de frelons qui nécessitent souvent des spécialistes très précautionneux, les particuliers ont eu tendance à se fabriquer des pièges d’amateur: bouteilles en plastique percées de trous de moins d’un centimètre avec au fond un mélange de bière, de sirop et de vin blanc. Des variantes de ces dispositifs sont légion sur l’Internet.

Ces dispositifs peuvent être utilisés notamment par les apiculteurs dès février pour le piègage des reines fondatrices avant qu’elles ne créent leur colonie. “La fondatrice à sa sortie d’hivernation commence toute seule un nid primaire qui atteint la forme d’un œuf de poule” – nous raconte Jean-Pierre Pichayrou, apiculteur Lot et Garonnais qui enseigne à Montauban.”Elle s’installe dans un abri de jardin, sous un hangar, un auvent, dans une boite à lettre inusitée. Quand ce nid atteint la taille d’un ballon de handball, tout le monde déménage et va s’installer à la cime d’un arbre. Ces nids primaires sont faciles à détruire.”

M. Pichayrou pense qu’il faut absolument piéger, même s’il y a quelques dégâts collatéraux. Du 15 février jusqu’à la fin avril, éliminer une fondatrice, c’est un nid de frelons en moins en septembre qui n’auront pas eu d’impact sur la diversité.

Mais ces dispositifs de piégeage sont aujourd’hui déconseillés par les entomologistes. Ces pièges sont, pour la plupart, non-sélectifs.

Aussi bien le Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN) que l’Office pour les insectes et leur environnement (Opie) et France Nature Environnement (FNE) sont catégoriques: “Le piégeage de frelons et notamment du frelon asiatique, en dehors d’un cadre scientifique est sans réelle efficacité et surtout néfaste pour d’autres insectes, dont de nombreux pollinisateurs“.

Jean Haxaire, entomologiste de Laplume en Lot et Garonne (2) estime que “L’idée de mettre des pièges absolument partout pour se débarrasser d’un animal avec des dégâts collatéraux à 95% on ne peut accepter, ou alors on arrête de parler de biodiversité et des disparition d’espèces.

Cependant face à ce fléau, les chambres d’agriculture et Préfectures de plusieurs départements du Sud Ouest – dont le Lot et Garonne – fortement touchées par l’accroissement des colonies ont lancé des campagnes “nationales” pour tenter d’éradiquer les reines fondatrices dès le 15 février. Mais ces authorités ne découragent pas les particuliers à installer ces bouteilles pièges pendant les mois d’été. En dépit des avis des entomologistes.

Il apparait évident que entomologistes et apiculteurs ne voient pas le problème de piégeage de la même manière, “une petite gué-guerre, cela depuis des années”. Lorsque les uns évoquent les dégâts de pièges non-séléctifs, les autres estiment “qu’on ne fait pas tant d’histoires pour tout ce qui s’écrase la nuit sur les pare brises des voitures!”

Les apiculteurs conviennent que le piégeage doit être encadré, et ont établi un modèle de charte du poseur de pièges au printemps.”

DERNIERS CONSEILS
Si un nid de ces frelons pose un vrai danger (sur la voie publique ou chez un propriétaire privé qui n’est pas en capacité de se mettre à l’abri), les pompiers peuvent exceptionnellement intervenir. Mais mieux vaut d’abord avertir sa mairie. Et surtout ne pas tenter de déloger un nid ou les chasser avec un filet à papillon. Des entreprises spécialisés interviendront d’une manière bien plus efficace et en totale sécurité.

Updated/maj. 10-09-2021

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